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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 19:26
 300 € de moins à payer sur la Taxe d’habitation …2007, une somme appréciable pour cette dame seule avec trois enfants.

 

La lettre, je le reconnais, peut paraître un peu compliquée. Mais le problème lui, il est très simple : "ma situation de 2008 est rigoureusement identique à celle de 2007. Pourquoi ma Taxe d’Habitation 2007 s’élèvait-elle à 609 € et à 351 € en 2008" ?


Comme je dois encore 209 € pour 2007, est-ce que je pourrais pas bénéficier d'une p'tite remise supplémentaire puisque j'ai déjà payé 400 €, c'est-à-dire presque 50 € de plus que ce qui m'est demandé en 2008 ?
 

Qui peut le dire ?

 

Le Conciliateur fiscal peut-être…la dame tient à lui écrire plutôt que de solliciter à nouveau son Centre d'Impôt.  Pourquoi pas après tout. Elle a bien le droit d'écrire au Conciliateur fiscal non ?

 

Moi aussi finallement j'ai envie de lui écrire. On verra bien ce qu'il dit, c’est un test .

 

Plume Solidaire


 

Madame .......

....................
75020 Paris

Monsieur Thierry MAILLOT

Conciliateur Fiscal
Boîte Postale 6405

75064 PARIS CEDEX 02

 

Paris le 18 décembre 2008

OBJET : Taxes d’Habitation 2007 et 2008

N° fiscal : ...........
Références de l’Avis de dégrèvement :

- Affaire numéro .................................

- Certificat numéro : .............................

 

Monsieur le Conciliateur fiscal,

 

Je suis séparée de mon mari depuis début 2007 et j’assume seule la responsabilité de mes trois enfants depuis cette période, sans pension alimentaire.

 

Concernant la Taxe d’Habitation de l’année 2007 je n’ai pas reçu dans un premier temps l’Avis d’Imposition dont le montant initial était de 883 €. Dans un second temps j’ai reçu :

 

-          Le 30 septembre 2008, une Notification d’avis à tiers détenteur me réclamant 26 € de frais supplémentaires portant le total restant dû à 909 €

-          Le 14 octobre j’ai payé à l’Huissier du Trésor Public 400 € portant le solde dû à 509 €, comme l’indique le Procès-verbal joint

-           Le 6 novembre, une Notification d’avis à tiers détenteur confirmant le solde du restant dû précédent (509 €)

 

J’ai adressé une demande de dégrèvement à titre gracieux au CDI  Père Lachaise le 13 octobre suite à laquelle le service a bien voulu me faire savoir qu’il m’accordait  un dégrèvement de 300 €. Ce qui porte, compte du tenu du solde rappelé précédemment (509 €), le solde de mon impôt à 209 €.

 

J’accuse réception de l’Avis d’Imposition 2008 établi le 1 décembre 2008 pour un montant de 351 €, qui rectifie celui du 20 octobre qui s’élevait à 813 €.

 

Je suis très reconnaissante de l’attention que vos services ont réservé à mon dossier pour l’année 2008. Toutefois je me permets d’attirer de nouveau votre attention sur ma situation fiscale de 2007. En effet, à situation familiale et revenus identiques, je me vois contrainte d’acquitter un impôt pour un montant initial de 909 €, moins 300 € de dégrèvement accordé, soit 609 € (400 € versés à l’Huissier et 209 € de restant dû). Par ailleurs je suis dans l’expectative concernant la somme qui me reste effectivement à payer dès lors que le Montant des droits indiqués sur l’Avis de Dégrèvement du 6 décembre s’élève à 687 €.

 

Serait-il possible que vos services recalculent le montant de ma Taxe d’Habitation de 2007 au regard des critères retenus pour le calcul de mon impôt pour 2008 ?

 

En vous remerciant par avance d’étudier ma situation fiscale 2007 avec la même bienveillance que pour celle de l’année 2008,

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Conciliateur Fiscal, en l’assurance de mes sentiments respectueux.

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17 décembre 2008 3 17 /12 /décembre /2008 15:15

Excellent article sur le site La Vie des Idées qui recense une étude intitulée  Accueillir ou reconduire. Enquête sur les guichets de l'immigration, Paris, Raison d'Agir, 2008, 128 p.

  

Il se trouve que j'ai fait cette expérience à deux reprises depuis un an, d'accompagner Monsieur K à ses convocations à la Préfecture de Police de Paris. Et de m'asseoir à côté des personnes qui attendent d'être appelées à ce guichet magique quand il leur accorde sur place un titre de séjour, ou couperet quand il lui est refusé.

 

La première fois que nous y sommes allés, c'est une jeune femme timide qui était manifestement mal à l'aise dans cette fonction qui nous a accueillie ; et la seconde au contraire ce fut une fonctionnaire peu avenante et singulièrement aguerrie dans ses fonctions qui refusa l'attribution du titre de séjour.


Toutefois les décisions concernant Monsieur K étaient toujours prises par un autre fonctionnaire dans un bureau dissimulé à la vue du public.
 

Cette étude est très édifiante car elle révèle que les décisions d'accorder ou de refuser un titre de séjour ne sont pas prises comme le citoyen ordinaire pourrait le penser, par des cadres fonctionnaires réunis en commission sous les lambris dorés  d'un salon de la République. Fonctionnaires qui étudieraient les dossiers en toute conscience de leurs responsabilités, et des conséquences de leurs décisions sur la vie des étrangers.

 

Mais lisez plutôt la suite...

 

Plume Solidaire

 



Des fonctionnaires au service de l'ordre national

par Anton Perdoncin [15-12-2008]



Passons de l'autre côté du guichet. Entrons dans ces lieux où sont mis en pratique la politique de l'immigration. Telle est l'invitation que nous lance Alexis Spire, gageant qu'un tel voyage nous permettra de mieux saisir les enjeux des récentes modifications de la législation sur l'immigration.


 

Alexis Spire nous fait passer derrière le guichet. Dans le monde des fonctionnaires de l'immigration, ces « agents du maintien de l'ordre national », petites mains du contrôle et de la répression de l'immigration. Basé sur un ensemble d'enquêtes menées par l'auteur dans des services [1] chargés de la mise en œuvre de la politique migratoire gouvernementale, cet ouvrage analyse les modalités de la gestion administrative de l'immigration : quels sont les agents en charge du contrôle et de la répression de l'immigration et quel est leur statut ; comment incorporent-ils une idéologie « du métier » qui contribue à l'établissement d'un régime de suspicion généralisé à l'égard des étrangers ; comment prennent-ils les décisions d'attribution et de refus d'octroi de titre de séjour ; en quoi leur travail est-il caractéristique de la diffusion plus générale d'une « politique du chiffre », symbole de cette « modernisation de l'État » promue par les dirigeants politiques ?



Accueillir ou reconduire

s'adresse peut-être moins à des sociologues spécialistes des questions de politiques migratoires et d'immigration qu'à un public plus large de citoyens [2] qui y trouveront des arguments rigoureux et pertinents pour alimenter leur réflexion voire leur activité militante.



La question que pose Alexis Spire est la suivante : comment des gouvernements qui mettent en œuvre une politique répressive de l'immigration sans précédent parviennent-ils à ne pas contrevenir aux normes du droit international sur la protection des demandeurs d'asile et, plus généralement, des libertés publiques. Réponse : par la délégation de la mission de répression à des fonctionnaires de l'immigration.



Cette spirale répressive place les responsables politiques qui l'ont engagée face à une série de contradictions : comment exiger toujours plus de résultats en matière de lutte contre l'immigration irrégulière, tout en se déclarant fidèle aux normes établies par le droit international ? Comment préconiser une baisse des demandes d'asile, stigmatisées comme "immigration subie", tout en restant signataire de la convention de Genève ? Comment restreindre de façon drastique l'immigration familiale sans remettre en cause le principe du droit à mener une vie familiale normale, inscrit dans la convention européenne des droits de l'homme ? Pour résoudre ces contradictions, les gouvernements successifs ont construit une politique en trompe-l'œil : d'un côté ils adoptent des lois répressives qui respectent en apparence les droits fondamentaux mais, de l'autre, ils délèguent aux fractions subalternes de l'Administration le soin de rendre ces droits inopérants. C'est ce qu'on pourrait appeler la "politique des guichets". (p. 8)

Cette « politique des guichets » permet une extension du pouvoir discrétionnaire à des échelons inférieurs et dominés du corps administratif à qui le législateur confie l'appréciation de la validité de la requête posée par l'étranger. La « logique du flou » prévalant dans la rédaction des textes de loi et des directives ministérielles laisse une marge d'interprétation non négligeable aux fonctionnaires auprès desquels Alexis Spire est allé enquêter. [3]


Des agents déclassés et relégués


Les fonctionnaires de l'immigration sont des « dominants dominés » dans le champ bureaucratique, le déclassement des étrangers contribuant à leur propre déclassement. Alexis Spire relève de nombreux signes de cette relégation : vétusté des locaux, manque d'équipement, conditions de travail pénibles sont le lot quotidien de ces fonctionnaires. Les services chargés de l'accueil des immigrés sont, en outre, à l'écart des autres services administratifs, séparation expliquée selon les agents par la « saleté » des usagers. Cette association entre saleté et immigration, topos récurrent du discours sur l'immigration, « renvoie aussi à la transgression d'un ordre national établi : à l'instar de la place qu'elle occupe dans les sociétés primitives, la « souillure » que représente l'étranger illégal symbolise une offense à un code moral et justifie que son traitement soit confiné dans un espace de relégation. » (p. 17)



Hormis ces signes extérieurs de relégation, le statut de dominés des agents chargés du contrôle de l'immigration est aussi visible dans les caractéristiques sociales des agents, et leur statut professionnel : on y trouve plus de personnels issus des départements d'Outre-mer ou de l'immigration ; les femmes, majoritaires ici comme dans d'autres administrations, accèdent plus aisément à des postes de responsabilité désertés par les hommes ; un recours massif et constant est fait à des vacataires pour pallier le manque d'effectifs.



Cette situation de relégation contribue à définir une division des tâches administratives qui sépare fonctions d'accueil et fonctions de traitement des dossiers (octroyer ou ne pas octroyer le titre de séjour). Le degré de prestige et de désirabilité des postes est inverse au degré de contact entre agents et immigrés : plus les agents sont « proches » des usagers, plus leur travail est considéré comme « sale », « dégradant », « inintéressant ». Alexis Spire donne l'exemple de la borne « Eurodac », machine qui enregistre les empreintes digitales des demandeurs d'asile et dont le fonctionnement implique donc un contact direct avec le corps de l'étranger, qui a été rebaptisée par les agents « Eurocrade ». Les postes les plus valorisés sont ainsi les postes de décision et de traitement des dossiers, à l'écart de tout contact avec les étrangers. Cette séparation et parcellisation des tâches a pour fonction une dépersonnalisation du travail et une déresponsabilisation des agents de la chaîne bureaucratique.



La contrepartie de cette situation de relégation est une plus grande autonomie décisionnelle fondée sur la variabilité des interprétations des directives. Les dernières législations sont en effet caractérisées par leur imprécision (par exemple le critère de « réelle volonté d'intégration des familles » dans une circulaire du ministère de l'Intérieur en 2006). Face au « flou juridique », c'est l'agent qui doit trancher, bien souvent au détriment du demandeur. Le pouvoir d'interprétation est tel qu'il donne lieu à une variabilité considérable dans l'application des directives d'un service ou d'un département à l'autre (Alexis Spire analyse à ce sujet la délivrance de carte de séjour pour les étudiants).



Les ressorts de l'adhésion à l'ordre national



Mais comment ces fonctionnaires que rien ne prédispose a priori à des attitudes répressives parviennent-ils à endosser le rôle de « gardien de l'ordre national » ? L'entrée dans la carrière de fonctionnaire de l'immigration ne répond pas, dans la quasi-totalité des cas, à une vocation. Toutefois, ce corps est marqué par une cohésion idéologique très forte, dont Alexis Spire tâche d'expliquer les modalités de formation.



Une croyance fondamentale commune unit les agents des services consulaires, des guichets de Préfecture et du ministère du Travail 

: ils travaillent au nom de l'intérêt national, représentent l'État et sont investis d'une mission de maintien de l'ordre. La notion d'« ordre » revêt ici plusieurs dimensions : « ordre public » (lutter contre toute forme de fraude), « ordre moral » (lutter contre ces étrangers qui « abusent » du système social français et le menacent), « ordre économique » (sélectionner les étrangers « utiles » au marché du travail, refouler les « indésirables »). C'est la conjonction de ces trois impératifs qu'Alexis Spire nomme « ordre national ».



L'incorporation et l'appropriation de cette idéologie passe, principalement, par trois processus. Tout d'abord, l'apprentissage sur le tas favorise la transmission et l'apprentissage de normes implicites et d'automatismes corporels et mentaux disjoints des normes juridiques. Les fonctionnaires ne recevant pas de formation spécifique, apprennent essentiellement par mimétisme les attitudes nécessaires à la gestion quotidienne des conflits et autres difficultés du métier. En outre, les fonctionnaires ne pouvant se référer à aucune règle juridique écrite fondent leur conduite sur des routines bureaucratique, c'est-à-dire des normes édictées par les collègues les plus anciens dans le service et les chefs de bureau (fonctionnaires intermédiaires). De telles modalités d'apprentissage ne sont, d'après Alexis Spire, pas triviales :



La diffusion de telles normes restrictives s'inscrit dans un mouvement plus général de précarisation des conditions de séjour des étrangers. Le bénéfice d'un statut stable, matérialisé par la carte de résident de dix ans, est désormais systématiquement reporté dans le temps et soumis au pouvoir discrétionnaire des agents de préfecture, qui préfèrent délivrer des cartes temporaires. [...] Ce primat du provisoire est un moyen de rappeler à l'étranger qu'il n'est pas un sujet de droit et de mettre à l'épreuve sa volonté de se maintenir sur le territoire. (p. 46)



La cohésion des agents est en outre renforcée par une identification collective à un « nous » opposé au « eux » des étrangers. « Nous » représente « les Français », « les fonctionnaires », « les bons citoyens » ; « eux » représente « les étrangers », « les profiteurs », etc.



Enfin, les agents doivent adhérer à une « croisade morale », visant à déceler les fraudeurs potentiels et les « faux » demandeurs. Alexis Spire détaille la manière dont la « menace » représentée par les étrangers a changé de nature au cours des trente dernières années. On est passé d'une volonté de contrôle de l'étranger comme potentiellement « subversif » à une thématique de la lutte contre la fraude et pour la défense du modèle social français. Le « faux touriste » de la fin des années 1970 laisse la place au « faux réfugié » des années 1980 puis au « faux demandeur d'asile ». Lutte contre l'immigration irrégulière devient ainsi synonyme de défense de l'identité nationale et du « modèle français ». Un régime de suspicion généralisé s'instaure qui n'est pas sans rappeler la manière dont sont traités les bénéficiaires de prestations sociales et autres « assistés », stigmatisés par le discours politique et médiatique, toujours suspectés d'usurper des droits sociaux qui leur sont « chèrement consentis » par la collectivité nationale.



Le tableau serait toutefois trop manichéen et univoque si Alexis Spire ne s'attachait pas à décrire les différences entre trois catégories de fonctionnaires qui n'entretiennent pas le même rapport aux étrangers ni n'appliquent les règlements de manière identique. Les « entrepreneurs de morale » sont ceux qui adhèrent le plus fortement aux normes du maintien de l'ordre national. Caractérisés par un très fort loyalisme entre l'institution, ils ont très souvent une grande ancienneté dans le même service, ce qui fait d'eux des « formateurs » pour les nouvelles recrues. Ils conçoivent leur mission comme une croisade de moralisation de l'immigration et consentent pleinement aux conditions de travail et aux modalités de la lutte contre les « clandestins ». Les « réfractaires » appliquent les instructions qui leur sont transmises par leurs chefs mais refusent d'adhérer à la croisade morale des « entrepreneurs ». Ils évoquent leur entrée dans l'administration des étrangers comme une « erreur d'aiguillage » ou un « accident de parcours ». Après quelques années, les plus réfractaires demandent à être mutés dans un autre service, les autres finissent par endosser le rôle d'agent du maintien de l'ordre national et à rejoindre les rangs des « pragmatiques ». Ce dernier type de fonctionnaire se caractérise par une forme d'indifférence à l'égard des normes et valeurs de la profession. Ils font leur travail consciencieusement mais sans cœur et appliquent le règlement de façon dépassionnée. [

4]


Une politique du chiffre



La généralisation d'objectifs chiffrés tend à faire pencher la balance en faveur des « pragmatiques » et des « entrepreneurs de morale », les « réfractaires » étant stigmatisés comme ceux qui ralentissent le travail et ne « jouent pas le jeu » [

5].



Alexis Spire rappelle que « depuis 2003, la fixation d'un nombre annuel de reconduites à la frontière a permis au gouvernement de politiser davantage la répression de l'immigration illégale, en faisant d'une pratique bureaucratique un objectif politique. » (p. 91) Cette « politique du chiffre » a été à l'origine d'une forte augmentation du nombre de tâches à effectuer par les agents, à effectif égal. On assiste ainsi à une standardisation des procédures et à une rationalisation des tâches de type taylorienne.



Officiellement introduite pour réduire les délais, cette politique du chiffre influe sur la nature des décisions prises. Elle n'a fait l'objet d'aucune instruction écrite mais se retrouve dans toutes les administrations chargées du traitement de l'immigration. [...] Les sanctions auxquelles s'exposent celles et ceux qui n'atteindraient pas leur "chiffre" [nombre de dossier à traiter par jour] varient d'un service à l'autre. [...] Ce système de sanctions incite à privilégier les dossiers "faciles" afin d'atteindre plus rapidement le "chiffre" et de terminer plus tôt la journée de travail. (p. 95)



Certains types de dossier sont ainsi privilégiés, comme les demandes de renouvellement

au détriment des premières demandes de titre de séjour ; certaines nationalités sont aussi privilégiées (les Chinois sont réputés plus « rapides » à traiter car remplissant de façon impeccable leurs dossiers).



Le secteur où cette politique du chiffre est à la fois la plus intense et la plus spectaculaire est celui des reconduites à la frontière. Cette politique ne découle d'aucune directive écrite, mais seulement d'instructions orales visant à mettre les préfectures en concurrence les unes avec les autres (comme lorsque Nicolas Sarkozy sermonne les préfets qui n'ont pas atteint leur quotas de reconduite à la frontière). De nouvelles catégories de fonctionnaires sont mobilisées dans ce qui a été qualifiés de « traque » aux étrangers, comme les gendarmes ou les policiers des airs et des frontières. L'intensification des procédures de reconduite à la frontière est en outre allée de pair avec une moindre attention portée aux règles juridiques. D'où un nombre de recours croissant devant les tribunaux administratifs qui se retrouvent, eux aussi, débordés par les dossiers à traiter. On se rend ainsi compte de l'effet pervers de la politique du chiffre qui, loin d'améliorer l'efficacité pour les usagers des services administratifs, crée une situation d'urgence permanente. La seule raison d'être de cette politique étant alors clairement répressive, comme un moyen d'intensifier la lutte contre l'immigration dite « illégale ».



Dans la conclusion du livre, Alexis Spire dessine les traits d'un programme de recherche portant sur la « modernisation de l'État ». Le point de départ d'un tel programme est l'analyse des politiques migratoires puisque, d'après Spire, la lutte contre l'immigration « illégale » et, plus généralement, le contrôle et la répression de l'immigration sont un terrain d'essai privilégié d'une « modernisation de l'État » visant à restreindre les conditions d'accès aux prestations sociales. Étudier les politiques de l'immigration reviendrait ainsi non seulement à étudier un aspect des politiques (répressives) visant les catégories sociales les plus fragiles, mais aussi à analyser les transformations internes de l'appareil d'État.


par

Anton Perdoncin [15-12-2008]



Notes

[1] Préfecture, consulat en Afrique et direction départementale du ministère du Travail.

[2] Le livre est publié aux éditions « Raisons d'Agir », spécialisées dans la diffusion du savoir en provenance des sciences sociales pour un public de non spécialistes. La méthodologie et l'architecture théorique des travaux de recherche ne sont pas ou peu présentées, au profit d'un exposé synthétique de leurs résultats majeurs.

[3] Le schème d'analyse mis en œuvre par Alexis Spire est similaire à celui proposé dans son précédent ouvrage, tiré de sa thèse de sociologie, Étrangers à la carte. L'administration de l'immigration en France (1945 - 1975), 2005, Paris, Grasset, 402 p. ; on se réfèrera aussi utilement à Alexis Spire, 2007, « L'asile au guichet. La dépolitisation du droit des étrangers par le travail bureaucratique », Actes de la recherche en sciences sociales, 169, p. 4 - 21.

[4] Cette courte présentation ne fait pas justice à l'analyse bien plus fine que livre Alexis Spire de ces trois types de profils. Pour plus de détails, se reporter au livre, ou à l'article « L'asile au guichet » cité plus haut.

[5] Alexis Spire se réfère ici à la sociologie du travail en usine, notamment les travaux de Donald Roy sur le « freinage ». On pourrait aussi se référer aux travaux du sociologue américain Michel Burawoy dont les travaux commencent à être traduits en France ; voir par exemple Michel Burawoy « Le procès de production comme jeu », traduit par J. A. Calderon, Tracés, n° 14, 2008. La comparaison entre le travail bureaucratique administratif et le travail à l'usine mériterait d'être approfondie : la diffusion de normes chiffrées et l'augmentation des cadences de travail dans les administrations rapproche-t-elle la condition des employés de celle des ouvriers ?

 

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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 16:45

Présentation très claire du Revenu de Solidarité Active qui entrera en vigueur le 1 juillet 2009.

Lire l'intégralité de l'article sur le blog de Alain Laurent Faucon




Lors de son intervention du 1er décembre sur France Inter, Martin Hirsch a rappelé que le RSA était "la continuité d’un principe acquis il y a 20 ans, selon lequel personne dans ce pays ne doit dépendre uniquement de la charité publique ou privée mais de droits, et ça il ne faut jamais le remettre en cause". En promulguant la loi le 1er décembre, "nous avons voulu honorer les créateurs du RMI créé le 1er décembre 1988", a poursuivi le haut commissaire aux Solidarités actives.


Promulguée le 1er décembre 2008, la loi sur le revenu de solidarité active (RSA) remplace jour pour jour, vingt ans plus tard, celle de 1988 créant le revenu minimum d’insertion (RMI). Objectifs du RSA : encourager le retour à l’emploi des Rmistes et augmenter les revenus des travailleurs pauvres.

Avec le RSA, une personne qui ne travaille pas continuera à toucher un revenu minimum égal au RMI actuel, soit 447,91 euros. Les personnes qui retrouvent un travail percevront, sauf exceptions, un complément de revenus plus intéressant et de plus longue durée avec le RSA qu’avec le RMI. Le RSA est pour ceux qui ne travaillent pas un revenu minimum et pour ceux qui travaillent un complément de revenu. Il est à la fois un moyen de garantir que le retour au travail procure des revenus supplémentaires et un instrument de lutte contre la pauvreté.



Ce nouveau dispositif entrera en vigueur le 1er juillet 2009 en métropole et au plus tard le 1er juillet 2011 en outre-mer.


A terme, il devrait concerner potentiellement 3,5 millions de personnes. "

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Source :

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