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   ...dans un "quartier populaire" de Paris

 

Lire la suite de cette première chronique de la première à la plus récente: 

Chroniques des permanences dans la Bibliothèque / Catégories

 

Pour faire comprendre la nature de mon activité d'écrivain public administratif, le plus simple c'est de décrire quelques unes des nombreuses situations personnelles auxquelles je suis confronté (pas plus mais pas moins que mes autres collègues), et que les personnes me demandent de résoudre ou de les aider à résoudre, au cours d'une permanence.

 

 

...La France qui se lève tôt

 

Pour commencer cette saison - de service bénévole gratuit - les permanences sont bondées et les premiers dossiers sont longs et délicats à traiter.

 

 

 

Cas N°1 et 2 : le bonheur est dans le formulaire

Il s'agissait de dossiers de retraite. Le premier exigeait concentration et rigueur dans la méthode. Petite difficulté supplémentaire : calmer l'anxiété de cet homme algérien arrivé en France en 1969. Le but de l'opération était de rechercher tous les certificats de travail nécessaires afin de compléter la liste des périodes d'activité du Relevé de carrière. Classements des documents et des bulletins de paie qui justifient les périodes de travail, tableau manuscrit pour comparer les périodes demandées par la CNAV et les périodes trouvées, renseignements des 2 exemplaires du formulaire, relevé des périodes manquantes pour qu'il puisse chercher les pièces à son domicile ou écrire aux entreprises...Travail fastidieux certes mais rendu plus aisé par le fait que ce monsieur n'a pratiquement jamais été malade et n'a que très peu connu le chômage au cours de sa carrière. Il mériterait la Palme d'Honneur des ASSEDIC et l'Oscar de la Bonne Santé de la Sécurité Sociale.

 

 

Il est reparti en sachant précisément ce qui lui restait à faire et plus serein, avec des remerciements à en veux-tu en voilà. Et moi bêtement, j'aime la gratitude car « La gratitude rend heureux parce qu'on en fait si rarement l'expérience tangible » (Stefan Zweig)

La deuxième personne était un salarié malien qui arrivait avec son formulaire de demande de dossier de retraite, rayonnant par anticipation à la joie de rentrer au pays et de pouvoir enfin s'occuper de ses femmes, de ses enfants, et de continuer à contribuer à la vie du village...parmi les siens.

 

Les deux dossiers m'ont pris presque 3 heures.

 

 

 

Cas N°3 : la France qui lève tôt...7 jours sur 7

La permanence commence à 10 h 00 et elle va s'achever sans discontinuer jusqu'à 14 heures.

 

Lorsque j'arrive à la MDCA il n'y a qu'une personne qui m'attend. Je jette un oeil dans la salle d'attente-cuisine.

J'aperçois une jeune femme africaine avec un enfant dans le dos et un nourrisson dans une poussette. Elle me reconnaît – moi pas ...-, je lui dis « on s'est déjà vu ? », et en me faisant un grand sourire, elle me dit : « c'est vous qui m'avez demandé de revenir quand j'aurai tous les papiers ! »

 

Je lui propose de m'accompagner, je lui fais de la place dans le bureau. Et quand je lève le nez du pc que je mets en route, elle pose une ramette de papier sur le bureau. Et elle ajoute : « c'est pour toutes les photocopies que vous avez faites la dernière fois ». C'est la première fois que cela se produit depuis que je suis écrivain public. Je lui témoigne ma reconnaissance et j'accepte le cadeau qui tombe bien puisqu'il n'y presque plus de papier !

 

Elle vient pour la seconde et dernière étape de sa demande de naturalisation française. Et pendant que j'étudie et remplis son dossier, je m'appuie sur les informations pour lui faire raconter un peu son parcours.

Elle est arrivée en France, de Côte d'Ivoire, en 2002 avec une carte de séjour dans le cadre du droit d'asile. Elle vit seule et élève ses 3 enfants dont le dernier est né en mars dernier. Elle exerce actuellement 3 métiers – auxiliaire de vie, agent de service et garde d'enfant - avec 4 employeurs simultanés, travaille 7 jours sur 7 avec 2 h 30 de transports en commun matin et soir. Elle va chercher sa fille à l'école à la fin de l'étude à 19 h, passe prendre les 2 autres chez la gardienne et rentre avec son petit monde vers 20 h pour préparer le repas et contrôler les devoirs scolaires de sa fille.

Elle a négocié avec l'un des employeurs pour libérer sa matinée, et elle est arrivée à 8h, deux heures avant l'ouverture de l'établissement, pour être sûre que son dossier sera traité.

Pendant toute la séance, elle surveille son gamin, se précipite quand il sort du bureau. Il obéit au doigt et à l'oeil sans mot dire ! Il restera calme et souriant jusqu'à la fin de l'entretien. Un peu plus tard une odeur nauséabonde bien identifiable emplit la pièce. C'est l'heure de la « grosse commission » du bébé. J'ouvre la fenêtre, la maman change son bambin, toujours en m'écoutant et en parlant avec moi. Vers 13 h elle met le grand sur son dos et reste debout jusqu'à la fin de l'entretien en dandinant sur place...Le gamin s'endort.

 

Je me souviens d'une anecdote qui m'a fait réfléchir. Elle m'a raconté qu'elle est auxiliaire de vie chez un vieux monsieur marocain et que sa fille qui a 25 ans perçoit les ASSEDIC, dit qu'elle ne veut pas travailler, et dort jusqu'à midi pendant qu'elle s'occupe de son père...Quand celle qui se lève tôt s'occupe du père de celle qui se lève tard...

 

3 heures me seront nécessaires pour monter le dossier, en dépit du fait que presque toutes les pièces sont réunies. La bureaucratie de la naturalisation française est devenue quasi-soviétique !

 

 

Cafouillage dans la gestion des flux

Vers 11 h 30, (en m'occupant du Cas N°3), problème quand je sors pour la première fois à la photocopieuse. Il y a 2 autres personnes qui attendent et je crois que je vais pouvoir les recevoir.

Deuxième sortie à la photocopieuse, ma retraitée copropriétaire procédurière « en lutte » contre son Conseil syndical et son syndic associé, m'accoste comme à chaque permanence. Je lui consacre une minute dans le couloir l'encourageant à persévérer dans ses consultations juridiques diverses. Elle repart gonflée à bloc.

 

Ca se complique quand je fais ma troisième sortie dans le couloir : je m'aperçois que deux autres personnes attendent – par erreur - dans une autre salle. Catastrophe voilà que l'une est arrivée avant l'autre qui est dans la cuisine, et revendique son droit de passage prioritaire en affichant son ticket N°3 ! Je leur explique que je ne pourrai pas les recevoir, mais ça resquille : le papy africain est déjà venu la semaine dernière, il n'a pu être reçu ; et le monsieur maghrèbin manifeste de l'agressivité. Et je suis encore loin de boucler le premier dossier !

 

Toc, toc, toc, entrez ! C’est la directrice du lieu qui vient faire son rappel à l'ordre, en substance : « c'est à vous de gérer le flux de vos usagers, de les informer si vous ne pouvez pas accueillir ...» Leçon d'humilité... Je descends 5 minutes plus tard pour informer l'accueil que le problème est réglé : je ne prendrai que le retraité mauritanien. Les 2 personnes – habituées à venir nous voir - qui attendaient dans la première salle, repartent avec le sourire et reviendront nous voir sans problème. Seul le monsieur maghrébin tente une dernière montée au créneau malgré les bonnes adresses que je lui ai transmises pour sa démarche.

 

 

 

Cas N°4 : le petit + pour faire vivre la famille au pays

Avec le Papy mauritanien – ses 3 femmes et ses 12 enfants au pays – j'ai droit à un beau formulaire de « Demande individuelle d'allocation solidarité aux personnes âgées » qu'il sollicite après un entretien avec une assistante sociale, car la modicité de sa retraite ne permet pas de faire vivre toute sa famille au pays si j'ai bien compris.

 

L'affaire demande une petite heure. Je lui explique que j'ai besoin de certains documents pour achever mon oeuvre paperassière. Il ne semble pas me comprendre. Je répète plusieurs fois pour m'assurer qu'il enregistre la nécessité impérieuse de faire remplir les parties vides s'il veut obtenir son allocation. Silence radio.

 

A la fin de l'entretien je me permets de lui demander de me dire quels sont les 2 documents qui lui manquent et que je viens de lui noter sur un papier. Black out total ! Je ne saurai jamais s'il a compris ce que je lui conseille de faire, ou s'il n'a pas de mémoire, ou, ou, ou...On se quitte. Je range et je laisse la place à une association de sourds-muets.

 

Comme disait Emile Paul Cioran : « Le vrai contact entre les êtres ne s'établit que par la présence muette, par l'apparente non-communication, par l'échange mystérieux et sans parole qui ressemble à la prière intérieure. » (De l'inconvénient d'être né, in Oeuvres, coll. Quarto, éd. Gallimard, p. 1274)

 

Il est 14 h 00. J'ai faim. Prochains échanges mystérieux la semaine prochaine.

 

 

Partager le temps de parole…

 

Comme d'habitude, pas de déclaration d'amour ce jour-là. Depuis 3 ans, après plus de 1500 personnes reçues dans mes permanences, j'attends encore la première. La seule lettre qui avait caractère un peu personnel et affectif, c'était celle d'un père qui voulait écrire à son fils incarcéré.

 

 

Cas N°5

 

Un homme âgé d'origine maghrébine attend ; nous montons dans le bureau mis à la disposition de notre association 2 fois par semaine par la Maison des Associations du 19e. Son problème ? Il perçoit le RMI depuis 10 ans ; il vit seul, il ne paie plus son loyer depuis 2 mois et le renouvellement de l'allocation exceptionnelle vient de lui être refusé. Jusqu'en août 2006, il occupait un logement dont le contrat location était un bail commercial qui ne l'autorisait pas à accéder à l'Aide Personnalisée au Logement. Il vivait à l'époque avec sa femme, qui résidant en France sans Titre de Séjour travaillait « au noir ». Son loyer s'élevait 250 € et avec le revenu de sa femme, le couple pouvait faire face à ses obligations. Jusqu'au jour où il a fait savoir au propriétaire qu'il refusait de payer les charges compte tenu de l'état d'insalubrité de l'immeuble et du logement. Le propriétaire dépose plainte, jugement, intervention de la Police, expulsion.

 

 

Aujourd'hui sa femme et lui sont séparés. Il a trouvé un nouveau logement dont le loyer s'élève à 520 € - plus du double du précédent, sans bénéficier du revenu de son épouse -. Il a bénéficié de septembre 2006 à avril 2007 d'une aide exceptionnelle de la Ville avec laquelle il pouvait subsister et payer son loyer. Il a consommé ses économies et ne peut plus payer son loyer.

 

 

La question est : Monsieur l'écrivain public, pourquoi l'allocation exceptionnelle ne m'est plus attribuée ? Que pouvez-vous faire pour m'aider à régler mon problème ?

 

 

Cas N°6

 

Il s'agit d'un algérien aux alentours de la trentaine, accompagné par un compatriote du même âge qui restera à l'écart et silencieux pendant l'entretien. Le demandeur est manifestement très anxieux et révolté. C'est un garçon qui vit sans papier en France pour raison de santé. Atteint d'une grave maladie, il a subi plusieurs interventions chirurgicales, et ne peut pas être soigné en Algérie. Il n'a aucun moyen de subsistance. Sa démarche consiste à faire valoir les droits de sa mère, qui vit au pays, à percevoir la pension militaire de son mari. Or le mari (le père du jeune homme) est décédé en 1998.

 

La question est : Monsieur l'écrivain public, mon père a été appelé en 1942 à combattre aux côtés des français. Il a eu un grave accident qui l'a conduit à séjourner en hôpital pendant 7 ans (jusqu'en 1949), et à être invalide à 100%. Appelé sous les drapeux sous un autre nom que le sien, ses papiers ont brûlé dans l'incendie du village en 1958. Que pouvez-vous faire pour obtenir des duplicatas des ses papiers militaires afin que ma mère puisse toucher sa pension (pension qu'elle me fera parvenir pour que je puisse survivre en France) ?

 

 

Cas N°7

 

Cette jeune femme sri lankaise arrive en France en 2002 après un premier mariage suivi du décès de son conjoint au Sri Lanka. Ils ont eu un enfant qui est resté au pays et quelle voudrait faire venir en France. En 2005, elle se remarie en France avec un autre compatriote, avec qui elle engage actuellement une procédure de divorce. Elle a fait un demande d'aide juridictionnelle. Elle s'exprime correctement en français, et sit lire et écrire.

 

La question est : Monsieur l'écrivain public, pourriez-vous rédiger une lettre au Tribunal de Grande Instance qui me demande d'expliquer pour quelle raison le nom qui se trouve sur mon titre des séjour est le nom de mon premier mari et non celui de mon second mari ?  

 

 

Cas N°8

 

Un freinage brutal provoqué par le chauffeur du bus de la RATP, a entraîné une fracture du poignet de ce retraité d'origine algérienne. Il a beaucoup souffert de cette fracture dont il se remet difficilement. Il a le sentiment que les personnes transportées par la RATP ne sont pas respectées. Son assureur lui transmet une proposition de transaction de la RATP d'un montant de 500 €.

 

La question est : Monsieur l'écrivain public, pourriez-vous rédiger un courrier à mon assureur pour l'informer que je refuse la transaction de la RATP et que je prends la responsabilité de gérer seul les suites de cette prcocédure ? Pourriez-vous également, Monsieur l'écrivain public, relire ma demande d'aide juridictionnelle et mentionner que je demande une indemnité de 2 000 € à la RATP ?

 

Dans la salle d'attente (la cuisine du personnel de la MDCA ou la salle de documentation selon les jours)

 

Dans le but d'éviter aux personnes d'attendre inutilement, en particulier les mères qui doivent aller chercher leur(s) enfants) à la sortie de l'école, je fais toujours une évaluation rapide de la nature des dossiers qui seront à traiter au cours de la seconde partie de l'après-midi.

 

3 personnes attendent, dont 1 femme qui fait partie des habitués de nos permanences. Elle exprime sa crainte d'être en retard à la sortie de l'école. Elle affirme que sa démarche est urgente (le Tribunal demande ceci et cela...), les autres jours elle travaille et elle ne peut pas se déplacer. Je lui rappelle les règles : nous accueillons les usagers dans l'ordre d'arrivée, et nous consacrons le temps nécessaire à chaque démarche. Or, il se trouve qu'elle est la dernière.

 

Avant elle, il y a une jeune femme africaine avec un nourrisson de 2 mois dans les bras, et une dame aveugle et âgée qui attend en bas à l'accueil. Je m'informe de la demande de la jeune femme que je traite sur place.

 

 

Cas N°9

 

Pour la jeune femme africaine, la question est : Monsieur l'écrivain public, je souhaite prendre un congé parental à l'issue de mon congé maternité: pourriez-vous lire la lettre manuscrite que j'ai rédigée pour mon employeur et me dire si elle convient ?

 

La lettre est quasiment parfaite, j'indique les éléments à ajouter.

 

 

 

Cas N°10

 

Je descends à l'accueil. La dame est une bonne française 100% de bien de chez nous, très âgée et très aveugle : pas « mal voyante », juste aveugle, mais totalement. Je lui prends la main, nous approchons de l'ascenseur à petits pas, nous montons, nous traversons le couloir, je l'installe dans le fauteuil. Et c'est parti pour une séance de 1 h 30 jusqu'à la fermeture de l'établissement.

 

A 14 ans, j'ai fait l'expérience de ma première surprise partie ; ce jour là c'était ma première aveugle, et je m'en souviendrai. Elle commence par sortir son dossier de son sac, les documents sont classés dans des sous chemises dont elle identifie le contenu par la manière dont elle dispose des trombones. Elle en extrait plusieurs textes édités sur papier avec de nombreuses ratures et corrections manuscrites. Des textes denses dont il faut rédiger une nouvelle mouture.

 

La question est : Monsieur l'écrivain public, pourriez-vous rédiger un courrier à cette association qui aide les aveugles pour solliciter une assistante bénévole à domicile ?

 

Les difficultés proviennent du fait que la Mamie est très volublie et très exigeante. Aveugle mais terriblement présente ! Je comprends vite que si je veux atteindre l'objectif, je ne pourrai pas « partager le temps de parole » et que je dois me plier à sa volonté. La situation est renversée : c'est elle qui « écrit », moi je ne suis que les doigts qui frappent les touches du clavier. Car elle sait très précisément ce quelle veut, le pourquoi il faut l'écrire comme cela et pas autrement, et là où il faut mettre les virgules, là où il faut aller à la ligne et changer de paragraphe. En clair, elle connaît sa lettre par coeur.

 

« Car voyez-vous Monsieur, ajoute-t-elle, quand vous me dîtes ce que vous écrivez, c'est comme si j'avais un écran à l'intérieur des yeux pour voir ce que vous tapez »

 

Au final la lettre sera longue comme un jour sans pain et elle se terminera bien par la fameuse demande d'assistance bénévole. L'objectif est atteint, et dans les temps. Je lui fait les copies qu'elle range elle-même dans la bonne sous chemise, je lui prépare son enveloppe. Je l'aide à trouver sa canne.

 

La Mamie ne sait pas comment me remercier, elle reviendra me voir pour d'autres démarches.

 

Il est presque 20 heures, je quitte la MDCA et en marchant le long du Parc des Buttes Chaumont, je me sens plein d'énergie et en pleine harmonie avec moi-même.

 

 

Lire la suite de cette première chronique en remontant le temps de la dernière publication à la première: 

Chroniques des permanences dans la Bibliothèque / Catégories

 

 

 

 

 

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Source :

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