Je me suis lancé à la poursuite de mes Perdu(e)s de vue.
Il y a celles et ceux qui disparaissent et il y plusieurs façons de le faire.
Il y a ceux qui réapparaissent spontanément et c’est une joie.
Eté 2009 - pique-nique AIDEMA19 : apparition sur la pelouse des Jardins d'Eole
D’abord P… qui avait de gros soucis. Il a démissionné intempestivement de ces deux petits jobs.
L’un des ces employeurs lui réclame une somme rondelette qu’il n’a pas les moyens de lui rembourser. Consultation juridique, réflexion, décision, lettre à l’employeur…Il n’a à présent qu’une idée : partir au Maroc chez des amis pendant quelques mois pour changer d’air.
Et cette dame âgée algérienne, dont nous avons tenté de retrouver l’adresse en vain un soir dans le froid à 20h00 après notre permanence. Et la voilà qui revient toute souriante avec son compagnon avec l’explication qui nous manquait concernant son logement. Nous ne comprenions pas pourquoi elle nous disait qu’elle ne payait pas de loyer. La raison provient d’un jugement qui fait suite à une plainte de plusieurs locataires contre le propriétaire de cet hôtel insalubre. Jugement qui les dispense de payer leur loyer depuis le mois d’octobre. Alors voilà que notre couple entame une procédure contre le propriétaire - demande d’aide juridictionnelle – pour demander le remboursement des loyers trop payés (2300€) depuis le prononcé du jugement au bénéfice des autres locataires .
Il y a ceux que je retrouve à distance.
Concernant Monsieur K, j’ai pris un coup de sang un matin (5 mars). J’appelle le Commissariat du 19ème arrondissement pour demander comment procéder pour retrouver une personne proche qui disparaît sans donner de nouvelle. L’agent me demande ses coordonnées et m’informe qu’il envoie une patrouille.
Une heure plus tard, coup de téléphone du Commissariat. Les policiers n’ont pas vu de boîte
à lettres à son nom, ont fait le tour des étages et constaté qu’il n’y avait plus d’occupants dans l’immeuble.
La bonne nouvelle c’est qu’en appelant le service social de l’organisme de logement qui le suivait nous avons appris qu’une assistante sociale avait aperçu Monsieur K dans le quartier. Il a également reçu et accepté une lettre recommandée à laquelle il n’a pas donné suite. L’assistante sociale nous informera si elle a d’autres nouvelles.
Il est donc bien en vie, et à Paris. Nous sommes prêts à l’accueillir et à le soutenir s’il désire nous revoir. C’est tout ce que nous voulions savoir.
Et il y a ceux qui s’envolent avec le vent.
Alain ne répondait plus au téléphone – plus d’abonné au numéro -, mail sans réponse depuis
le 21 mai 2008 :
« Je reçois tes messages et ne prends pas le temps de t'écrire, pas sympa.
Une chose importante dans ma vie, rencontré une copine, belle relation. Sinon séjour de 6 semaines dans le centre de rééducation cardio-pulmonaire où j'étais allé après mon opération (importantes difficultés respiratoires fin 2007). Très motivé, cela m'a fait un bien fou, que j'essaie d'entretenir ici (vélo, piscine, tir à l'arc). Globalement ça va, je profite de ma liberté. En PJ un aperçu photo.
On se voit un de ces jours?
Amitiés
Alain »
Impossible de le joindre.
Recherche sur l’Internet, appels et plusieurs messages à sa mère à La Forêt Fouesnant en Bretagne.
La réponse vient par une lettre manuscrite de sa sœur. Une lettre bien écrite, détaillée, sensible, pleine de tristesse et de désolation.
Alain est décédé un mois après mon père.
Il y avait un lien entre ces deux-là : c'est à la suite d'une rencontre entre eux à la Capitainerie de Port La Forêt que j'ai pu revoir cet ami d'enfance à Paris.
Ses cendres ont été dispersées en septembre dans la baie de La Forêt Fouesnant, en face de
la plage de nos jeux d'enfance, de nos fêtes nocturnes et de nos amours adolescentes.
Les joies aident à surmonter la douleur
La mort nous dit qu’il faut aimer la vie
La vie finit toujours par la mort
A nos enfants nous donnons la vie
La vie est un cycle sans fin
Qui conjure la mort
J’ai dit
Plume Solidaire