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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 18:00

 

 

http://www.verdeau.com/verdeaunew/adminphotos/upload/U879.jpg

Source

 Source : Verdeau .com

 

Maroc. Jeune Mauresque et sa servante. Tirage albuminé d'époque. Circa 1880. 20 x 27 cm.

Prix : 320 €

 

 

 

 

Appelons-la Amara.

 

 

Enfant à l’âge de 6 ans elle a été « vendue » à une famille marocaine comme servante. Elle arrive en France à 26 ans. Habituée à vivre ainsi au Maroc, elle a continué à travailler ainsi - naturellement dit-elle  - en France chez des employeurs particuliers du matin au soir, qui ne lui accordaient ni jours de repos hebdomadaires ni congés payés.

 

 

Lorsqu’elle a été congédiée par son dernier employeur, elle travaillait au service d’une personne âgée dans les mêmes conditions.

 

 

Cette personne, qui vit dans un vaste appartement dont elle est propriétaire dans  16ème arrondissement, a été contrainte de s’en séparer sous l’influence de ses enfants dont les professions leur apportent manifestement des revenus confortables. Cette famille possède un patrimoine immobilier à Paris et en province tout à fait considérable.

 

 

Amara a porté plainte devant les Prud’hommes et elle venue nous voir pour constituer son dossier d’Aide Juridictionnelle.

 

 

Une amie de l’association l’a orientée vers le service dans lequel elle travaille pour un bilan de santé et une aide à la recherche d’emploi.

 

 

J’ai pris tout le temps nécessaire pour lui monter son dossier de surendettement .

 

 

Du travail d'orfèvre , que je lui ai fait à Amara

 

 

J’ai dit

 

Plume Solidaire

 

- - - - -

 


 

Secrétariat de la commission de surendettement de Paris -75

 

Banque de France – 3 bis, Place de la Bastille

 

75004 PARIS

 

Paris le 2 décembre  2010

 

 

 

 

Je soussignée, Mademoiselle …….. ….. domiciliée .. rue …  - 75019 PARIS (Armée du Salut), demande à bénéficier de la procédure de traitement des situations de surendettement prévue aux articles L331-1 et suivants du code de consommation.

 

Cette démarche est justifiée par le fait que je ne peux temporairement faire face à mes dettes.

 

J’ai contracté un crédit auprès (nom de la banque) pour un montant de 20 000 € destiné à ma famille au Maroc ; prêt que j’ai remboursé du ../01/2008 au ../10/2009 pensant ma période d’activité salariée.

 

Entrée sur le territoire français en … 2002 et titulaire de titres de séjours régulièrement renouvelés, j’ai travaillé pour plusieurs employeurs particuliers et associatifs qui ont toujours été satisfaits de mes services.

 

Au moment de mes difficultés financières j’étais employée comme auxiliaire de vie, logée et nourrie, chez une personne âgée, depuis le ../1./2006.

 

J’ai été licenciée sans motif le ../09/2009, sans respect des procédures de licenciement ; et en particulier sans remise de certificat de travail, ni lettre de licenciement.

 

N’ayant ni famille, amis ou compagnon, je me suis trouvée dès ce jour sans domicile et sans revenu.

 

Mon ex employeur n’ayant déclaré mon licenciement a posteriori à compter du ../02/2010 (ndlr : après son dépôt de plainte aux Prud’Hommes), je n’ai pu en conséquence faire valoir mes droits aux indemnités de chômage qu’à compter de juillet 2010.

 

La brutalité de mon « congédiement » m’a contrainte à vivre dans la rue pendant la période d’octobre 2009 à juillet 2010.

 

Mes ressources actuelles se composent des indemnités de chômage pour un montant de … €, d’une Allocation logement de 118 € qui finance en partie mes frais d’hébergement en hôtel (22 € par jour).

 

Compte tenu de la précarité de ma situation, il me reste à vivre actuellement 12 € par jour après déduction de mes charges d’hébergement, à l’exclusion de toutes autres dépenses.

 

En conséquence, je ne suis pas en capacité de rembourser mon emprunt auprès (nom de la banque)  et regrette de ne pouvoir proposer une somme de remboursement mensuelle à la commission.

 

Je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire utile à l’instruction de mon dossier.

 

 

Fait à Paris le 2 décembre  2010

 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 18:00

 

Kossuth Louvre5

 

 

 

Je voudrais venir un peu plus souvent nourrir ma chronique des permanences.

 


Peut-être que vient un moment de l’expérience pendant lequel le trop plein d’émotions qui me donnent raison d’être est tel qu’il faut savoir les  garder en soi comme un trésor au fond d’un puits. Longtemps, le plus longtemps possible. Il n’est pas nécessaire de tout écrire. Pas utile de tout nommer, de tout théoriser.


A coup sûr il y a la volonté d’approfondir l’approche humaniste et sensible de cette pratique. C’est l’immense liberté dont je jouis – et que j’ai choisie – qui m’en donne la faculté.


Si j’écris moins dans ma chronique, ce n’est pas tant une question de pudeur ou de lassitude. Ce serait plutôt la conscience que chaque instant de vie est si précieux qu’il doit être intensément vécu.  Le flux et le cadencement des situations sont tels que je regrette parfois que mon cerveau ne contienne aussi un disque dur pour les garder en mémoire. Mais l’homme est le contraire de la machine. Alors pour les sauvegarder, je ressens le besoin de les ruminer, de les ressasser, et de les recycler. Comme si je devais les distiller dans un alambic qui en extrairait la quintessence.


Et l’élixir du sens vécu ainsi créé est issu d’une étrange mixture qui associe les contraires : la douceur et la violence, la raison et le cœur, le lent et le rapide, le juste et l’inique, le dit et non dit, le sens et l’insensé, la colère et la sérénité, le bruit et le silence…


C’est ma - bientôt - longue pratique du tai chi qui m’a appris à ne pas vouloir mettre des mots sur tout : faire et répéter toujours l’enchaînement des mêmes gestes jour après jour sans penser, dans l’abstinence du verbe. Tendre vers la perfection de l’harmonie entre le corps et l’esprit.


Je crois qu’il y a une alchimie silencieuse dans la fonction d’écrivain public ; dans la relation qui doit d’abord se vivre, se ressentir. Avant de rayonner, d’irradier autour de soi. C’est la chance que j’ai moi, l’homme heureux, de pouvoir transmettre de l’espoir dans ce pays d’une cruauté subrepticement plus sensible et plus visible jour après jour.


Quand j’ai montré la séquence du documentaire de Jérôme Mauduit [1] au vieux Samba, il riait de toutes ses dents en se regardant sur l’écran de l’ordinateur. Et puis nous avons étudié la carte de sa ville au nord-est du Sénégal, et il répétait les noms des villages environnants après moi comme autant de paysages et de visages qui passaient sous ses yeux. Alors le vieux Samba nous a annoncé qu’ il doit retourner au village parce qu’il a perdu 12 personnes de sa famille le jour du match de foot entre la France et l’Afrique du Sud. Tout le monde était réuni autour du poste de télévision quand la maison s’est effondrée…


Pourtant je n’avais pas posé de question sur sa vie et sa famille ; mais la simple évocation géographique de la ville où il a vécu a fait surgir à sa conscience le caractère tragique de cet événement. Et son expression est sans doute une immense preuve de confiance de sa part.


Dans le bureau dans lequel je reçois, les gens viennent chercher des réponses pour vivre ou (sur)vivre. Y rôde souvent, trop souvent la souffrance et parfois la mort.


Quand BA-D… m’appelle sur mon portable pour me remercier parce que je l’ai orienté après deux refus de CMU complémentaire dans un service de santé qui la prise totalement en charge, j’espère ne plus l’entendre me dire un jour : « ma maladie me fait souffrir, je n’ai plus que cinq jours de médicaments et je ne peux pas les acheter ». Là je suis sûr d’avoir trouvé la bonne direction.


Il y a eu une période pendant laquelle j’ai cru que la magie qui s’opérait dans la relation avec les usagers avait disparue. Elle coïncidait avec celle pendant laquelle j’ai été radié sans motif et sans indemnité de chômage par le Pôle Emploi ; et pendant laquelle une grave maladie génétique s’est déclarée chez ma fille.


Mais la magie était toujours là ! Je n’ai eu qu’à la faire travailler autrement. J’ai compris à ce moment qu’il fallait que je la mette à mon propre service pour pouvoir de nouveau la mettre au service des autres.


J’ai gagné contre le Pôle Emploi, et ma fille malgré les risques inhérents à sa maladie revient de vacances au Népal.


Un soir, je me suis dit qu’au fond je n’aime pas que certaines personnes n’aient pas de souci car elles ne viennent pas nous voir ! J’aime qu’elles viennent la première fois, et j’aime quand elles reviennent et leur faire savoir bien fort.


Elles sont de plus en plus nombreuses qui reviennent nous voir, et au-delà de leur intérêt pour la démarche qui nous les ramènent, je vois à leur sourire qu’elles sont heureuses de nous voir.


Et cette joie est partagée.


Aujourd’hui j’assume pleinement la dimension affective de mes relations avec les usagers…Leurs sourires me rassurent : ils montrent simplement qu’ils savent que je les considère comme des femmes et des hommes que j’estime, et que je ferai ce que je peux, et même un peu plus, pour être digne de la confiance qu’ils m’accordent.

 


Et au bout du compte, la reconnaissance qu’ils nous témoignent n’a pas besoin d’être théorisée.

 


La joie n’est pas un concept ; c’est un sentiment qui se vit.

Et ça vaut tout l’or des banques.

 


J’ai dit

 

Plume Solidaire



[1] « Prêt moi ta plume, chronique d’une permanence d’écrivain public » – juin 2010

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 17:00

 

 

 

 

 http://www.vieille-eglise-de-bonnieux.fr/images/tocsin-grande.jpg

 

 

 

 

 

Cette année le Pôle Emploi a radié 500 000 chômeurs inscrits.


« Selon les chiffres officiels, 45 800 personnes ont été radiées, de manière légitime ou non, des listes en juillet 2010, soit une augmentation de 9 % par rapport à 2009. Néanmoins, la direction du Pôle emploi affirme que le nombre de radiations baisse globalement par rapport aux années précédentes. (Le Monde du 09.09.2010) »


Pour fêter mon anniversaire et mes 60 ans le Pôle Emploi m’avait  radié en décembre 2009 sans avertissement ni information a posteriori  pour justifier  cette décision anonyme.


J’ai été profondément blessé par cette décision et la méthode employée. Cette situation me rapprochait encore plus des souffrances des personnes auxquelles  j’apporte mon soutien, quand bien même j’ai su mettre à profit pour mon propre compte mon expérience des démarches administratives pour percevoir l’intégralité de mes droits jusqu’à leur terme.


Mais combien de chômeurs radiés connaissent la procédure à suivre ?


Depuis la rentrée de septembre je constate une hausse sensible du stress chez certains usagers provenant par exemples  de trop perçus à rembourser d’indemnités de chômage ou d’allocations familiales, de radiations du Pôle Emploi, y compris un cas de radiation de l’Allocation Spécifique de Solidarité (ASS) au motif que la personne serait arrivée au « terme de ses droits ».


Pourtant il m’a été précisé par une assistante sociale de mon réseau professionnel que l’ASS ne pouvait faire l’objet d’une radiation, sauf si la personne ne s’est pas rendue à une convocation du Pôle Emploi, ce qui était certainement son cas alors que l’ASS constitue sa seule ressource. Or  il semble bien que le Pôle Emploi envoie nombre convocations pendant la période des vacances d’été au cours de laquelle de nombreux chômeurs immigrés ou étrangers, qui omettent de déclarer leur absence supérieure à une semaine du territoire national, vont séjourner dans leur famille au pays. Une aubaine pour faire des coupes claires dans les budgets ?


J’ai reçu deux personnes, l’une gravement malade a failli décéder il y a deux semaines, l’autre blessée et handicapée suite à un accident de la circulation, qui ont été  contraintes de quitter l’établissement hospitalier qui les accueillait en cours de soins.


Cette situation est, chacun peut aisément le comprendre la conséquence des plans que les organismes de solidarité nationale (Pôle Emploi, CAF, Sécurité sociale, Hôpitaux…) ont mis en œuvre pour limiter les déficits sous l’impulsion d’un  gouvernement qui a engagé en juin dernier un plan de réduction des déficits publics pour les « ramener à 3% du PIB en 2013 : réduction de 10% des dépenses de fonctionnement et d’intervention de l’Etat, suppression de 100 000 postes dans la fonction publique, gel des concours financiers de l’Etat aux collectivités locales, ainsi que des économies de 5 à 6 milliards d’euros sur les niches fiscales  (Le Monde du 4 juin 2010) ».


La brutalité avec laquelle s’applique cette politique permet de mettre en lumière les problématiques auxquelles sont confronté nombre de personnes illettrées. Les  questions de fond que posent ces méthodes concernent  notamment l’appréhension de l’information et son interprétation.


En effet, nombre de personnes ne font pas de lien entre les politiques mises en œuvre et leur vie quotidienne


Leur vigilance n’est pas mise en alerte par les informations sur le contexte économique et elles ne sont pas en capacité d’en tirer les conséquences. Et lorsque vous expliquez après coup les raisons de la suspension des aides dont ils ont besoin pour (sur)vivre, vous êtes confronté à l’incompréhension totale et à la peur panique de l’avenir immédiat de l’usager pour qui vous rédigez un recours qui est moins sûr d’aboutir. Comme ce fut le cas de ce monsieur bénéficiaire de l'allocation pour adulte handicapé qui est resté pour la première fois plus de trois mois au pays pour assister sa mère et son épouse malades.


Beaucoup méconnaissant dans certaines situations leurs devoirs (Pôle Emploi) tombent dans les chaussetrappes d’une bureaucratie qui les traite désormais sans ménagement.


Pire, dans le secteur des droits à la santé, une nouvelle technique est utilisée pour les personnes qui bénéficient de la CMU (Couverture Maladie Universelle) et qui demandent à bénéficier de la mutuelle complémentaire appelée CMU complémentaire.


Il suffit que leurs ressources déjà très modestes dépassent le plafond permettant l’accès à la CMU complémentaire pour qu’elles se voient proposer une Aide à la complémentaire santé sous forme de chèque de réduction qu’elle doivent transmettre à la mutuelle qu’elle doivent également choisir elles-mêmes. La conséquence étant qu’elles auront à payer sur leurs propres ressources le solde de la cotisation annuelle à verser à la mutuelle, et d'être obligées de financer des frais de santé non remboursés.


En clair une personne dont les aides sociales permettent difficilement de vivre, se voit contrainte quel que soit son état de santé de financer une partie de ses soins.


Ainsi la semaine dernière j’ai reçu une dame africaine âgée qui s’était vue refuser la CMU complémentaire, qui souffrait le martyre et ne pouvait plus acheter les médicaments indispensables pour atténuer les souffrances causées  par une hernie discale dont elle venait d'être opérée. Le recours que j'avais rédigé la semaine précédente ayant été de nouveau rejeté, j'ai sorti ma botte secrète et je l'ai remise entre des mains sûres et expertes pour qu'elle puisse se soigner gratis.

 

 


Ainsi va la solidarité nationale au pays des droits de l'homme.

 

J’ai dit


Plume Solidaire

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Source :

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