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27 avril 2024 6 27 /04 /avril /2024 08:01

Témoignage sur la vie monastique (Yashô Valérie Guéneau – Colloque AZI)

 

Comme vous le remarquez, on peut vivre dans un monastère depuis de nombreuses années et être tout à fait normal ! Dans notre sangha AZI, certains imaginent les moines et nonnes vivant dans un monastère comme des « extraterrestres », austères, étrangers aux problèmes de la vie… En fait, dans un monastère on apprend tout simplement à vivre, à vivre ouvert au monde, ouvert à l’autre ; on apprend à vivre en suivant les lois de l’univers : l’impermanence et l’interdépendance.

La vie d’un monastère est rythmée par les sons. À la fin du samu, la cloche sonne : le temps du samu est terminé. Même si je n’ai pas fini ma tâche, je dois poser les outils. À l’heure du repas, le métal sonne : même si je suis en train de développer une pensée intéressante, je dois me diriger vers le réfectoire. Garder notre esprit en prise directe avec l’impermanence de toute chose nous permet de rester, à chaque instant, ouvert à la réalité.

Dans le monastère, nous sommes confrontés à la loi de l’interdépendance par la présence de l’autre 24h/24, ce qui peut être une grande difficulté et en même temps une grande aide.

À l’époque où je vivais à La Gendronnière, une personne a quitté le monastère en me disant : « Tu comprends, quand je suis chez moi, si j’ai un souci avec quelqu’un, je rentre dans mon appartement, je ferme la porte derrière moi et le problème n’existe plus. »

Dans le monastère, il n’y a pas d’échappatoire et on ne peut pas, comme le souhaitait cette jeune femme se refermer sur soi. Dès qu’on se sépare de l’autre, de la communauté, que ce soit par un problème personnel qui occupe notre esprit, que ce soit par une volonté d’aller dans une direction autre que celle indiquée par la nécessité du monastère… on se sent rapidement très seul, et être seul au milieu des autres est très difficile à vivre. On a grand intérêt alors à trouver en nous des réponses pour revenir à chaque instant à la paix de l’esprit, à l’unité, à l’harmonie. La présence de l’autre nous pousse à nous oublier nous-mêmes, c’est en cela que la vie communautaire devient une grande aide.

 Si ce n’est pas la présence de l’autre, c’est la règle qui nous amène à l’oubli de soi. La règle de vie du monastère est là pour nous aider à fonctionner au-delà de notre conscience personnelle. Les premiers temps, ça peut être vraiment difficile. Nous sommes tous soumis aux lois de l’univers, mais notre conscience personnelle veut toujours prendre le dessus, on pense pouvoir aller contre l’ordre cosmique… Dans une vie communautaire, fonctionner de cette façon est tout de suite source de souffrance.

Puis tout doucement, on comprend que la règle n’est pas une invention inhumaine — comme on aurait eu tendance à le croire du fait qu’elle remettait en question notre égoïsme. On comprend que la règle est la compassion vivante des bouddhas nous permettant de fonctionner au-delà de notre conscience personnelle. On comprend profondément que vivre dans la sangha, c’est faire vivre l’harmonie.

 Avec l’aide des autres, avec l’aide de la règle, tout doucement, pour ne pas créer de souffrance en soi ou chez l’autre, pour ne pas s’en sentir séparé, pour ne pas se couper de la réalité, on apprend à s’oublier soi-même. Là aussi, je sais que certaines personnes n’apprécient pas le fait de s’oublier soi-même. Si je peux témoigner d’une chose, c’est que s’oublier soi-même est un grand bonheur, c’est le bonheur le plus profond que je connaisse. Parfois, on est venu me voir pour me dire : « Tu devrais prendre du temps pour te reposer, sortir un peu… » Plus on a de responsabilités dans un monastère, plus on a à répondre à l’appel du monde et moins on a de temps personnel.

J’avoue qu’il m’arrive encore de me « mettre en travers », c’est-à- dire d’aller contre l’ordre cosmique, de ressentir un désir qui n’est pas compatible, ici et maintenant, avec la vie du monastère. La différence avec ma première année de vie monastique, c’est que je connais la chanson ; dès que j’entends les premières notes, je change de direction — on sait très vite si notre désir est compatible ou pas avec la situation. Quand j’abandonne ce désir, immédiatement je retrouve une paix profonde et, quelque chose de difficile à imaginer quand on n’en fait pas l’expérience, une grande liberté.

 Pour nombre d’entre nous, être libre, c’est faire ce qu’on l’on veut. Dans le bouddhisme, la liberté, c’est accepter tout ce qui se présente à nous sans interposer le filtre de nos préférences personnelles, entrer avec cœur dans toutes les situations qui nous sont proposées en y donnant le meilleur de nous-mêmes.

Je pourrais comparer mes premières années de monastère à une descente de rapide où l’ego se heurte à toutes sortes d’obstacles. Mais aujourd’hui pour moi, la vie dans un monastère est un long fleuve tranquille, même si l’activité y est permanente. Sur ce long fleuve tranquille, je peux apprécier tous les paysages qui défilent, apprécier toutes les situations que me propose la vie, prendre plaisir dans chaque situation. Dans l’oubli de soi que le monastère permet de vivre, c’est la rivière du don qui se manifeste : on abandonne, mais on reçoit, on reçoit bien plus que tout ce que l’on pouvait espérer. De plus, vivre dans le monastère avec tous ceux qui partagent la même aspiration, voir le don quotidien qu’ils font aux Trois Trésors, les voir grandir sur la Voie… tout cela est un cadeau inestimable, qui nous remplit d’une joie plus profonde encore.

NOVEMBRE 13, 2017

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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 16:54

Hubert Reeves nous a quittés le 13 octobre 2023

Une étoile s'est éteinte dans le firmament des humains
qui diffusent la lumière de leur connaissance de la vie et du cosmos

Les voeux d'Hubert Reeves le 4 janvier 2020

Pour Hubert Reeves,

« La vie est la forme la plus évoluée de la matière cosmique – (Complexité – Efficacité). »

« La matière vivante a une histoire et une mémoire.

Elle est reliée à trois milliards d'années passées. »

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5 mai 2019 7 05 /05 /mai /2019 17:21

Le Musée comtois est installé depuis 1960 à la Citadelle de Besançon. Il présente l’histoire et les traditions régionales à travers plusieurs thématiques, comme les marionnettes comtoises.

Le musée a ouvert le 1er mai une nouvelle salle d’exposition permanente consacrée aux marionnettes contemporaines, issues de la collection  du théâtre des Manches à Balais. Au total une cinquantaine de pièces, du castelet ambulant aux éléments de décor et marionnettes.   

La compagnie des Manches à Balais fut créée en octobre 1973 par Danielle et Jean-René Bouvret puis est devenue professionnelle en 1980. Pendant plus de 40 ans, ces artistes ont imaginé, fabriqué puis donné vie à plus de 600 marionnettes.

En 2016, la troupe ferme les portes de son atelier et donne au musée comtois près de 500 pièces de sa collection. L’ancien conservateur du musée Lionel François nous expliquait à cette occasion le 24 février 2016  l’importance de conserver de telles oeuvres  :

Aujourd’hui on ne se rend pas bien compte de tout l’intérêt de cette collection contemporaine, mais dans un demi-siècle, elle aura autant d’importance que pour nous ces collections du 19ème siècle qui nous en apprennent beaucoup sur le mode de vie, le mode de pensée sutout populaire de la population locale car ces marionnettes sont pour adultes et qui transmettaient l’état d’esprit du moment, l’actualité du moment.

Aujourd'hui, cette collection du théâtre des Manches à Balais fait partie intégrante de la nouvelle exposition permanente,  "le rire est un sport de combat : marionnettes et tansgression".

Dans cette nouvelle exposition permanente , nous pouvons découvrir les marionnettes de 4 spectacles du théâtre des Manches à Balais :

1. "Ubu roi" 

"L'Ubu roi" d'Alfred Jarry est leur premier spectacle conçu en compagnie d’Hubert-Felix Thiéfaine pendant l'année 1973 en plein conflit social chez Lip. Les marionnettes étaient créées avec des manches à balais, ce qui a donné le nom de la troupe. 

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Qui Suis-Je ?

  • : Plumeacide, écritures publiques et arts énergétiques internes chinois
  • : Plumeacide est une histoire de fraternité républicaine avec celles et ceux qui s'embrouillent avec les chiffres et les lettres. Au fil des années il est devenu aussi la mémoire visuelle de ma pratique des arts énergétiques internes.
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Plumeacide poursuit doucement mais sûrement son voyage dans la blogosphère, et va vers sa deuxième millionième page visitée ! Mââgique !
 
  
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Le Film de l'immigration

  25839 71896

Un film de 40 minutes pour deux siècles d’immigration en France. 

 

Source :

Cité nationale de l'histoire de l'immigration