J'adore ce mot : altruisme.
"L'altruisme est un terme employé pour désigner l'amour désintéressé d'autrui (définition du Petit Larousse), c'est-à-dire le souhait qu'autrui trouve le bonheur et la générosité en n'attendant rien en retour.
Ce terme est parfois employé dans le sens d'empathie ou plus souvent dans le simple sens de générosité. Il est peut être décrit par l'éthique de réciprocité." (wikipedia)
Noël n'est pas simplement le jour de la générosité des adultes pour les enfants.
Je suis devenu écrivain public, entre autres, pour deux raisons essentielles.
La première c'est que, en tant que citoyen j'ai été conduit au constat de l'affaiblissement de la Fraternité, tandis que les valeurs républicaines de Liberté et d'Egalité demeurent prépondérantes dans l'esprit de mes compatriotes. Quand bien même serait-elles parfois, elles aussi et à bien des égards, remises en cause.
D'origine française, partisan d'une laïcité ferme et tolérante, je n'en suis pas moins imprégné de la culture religieuse catholique que j'ai héritée de mes parents, et dans les valeurs de laquelle j'ai été éduqué.
Je ne crois pas en Dieu mais j'aime les églises, ces havres de paix aux portes ouvertes dans le tumulte de la ville.
Comme j'aime les pagodes et les temples que je rencontre au cours de mes voyages ; et les mosquées quand les infidèles sont autorisés à y entrer.
Saïgon / Hô Chi Minh Ville - La Pagode de l'Empereur de Jade - Visuel Plume Solidaire
Ainsi les religions d'autrui m'accompagnent dans la poursuite de ma propre méditation sur les choses de ce monde. Même si je crois qu’il n’y en pas d'autre après...
Les historiens savent et vous diront tout uniment que la Fraternité républicaine est une valeur transmise à la République par l'église catholique.
J'assume sans ambages le côté caritatif de mon rôle, ce qui me différencie en cela peut-être, d'une conception plus laïque, sociale et anti catho ; parfois plus radicale, militante ou politique.
La seconde motivation essentielle, c'était pour moi l'intello, de joindre la pensée à l'action.
Et c’est peut-être cela le plus important : agir et pouvoir réaliser le retour sur soi sur l’enrichissement qu’apporte l’expérience, et sur la méthode pour la partager, la renouveler en l’approfondissant.
Sur ce plan, l’entretien dans Les Matins de France Culture,de Philippe Kourilsky n’a pas manqué d’apporter de l’eau à mon moulin.
Moulin de Magné de mon arrière grand-père maternel
Principaux points clé de la réflexion de Philippe Kourilsky dans cet entretien :
Générosité et altruisme
- La générosité fait partie de note espace de liberté : on est libre d’être généreux
- L’altruisme fait partie de la catégorie des devoirs : c’est le devoir de l’homme libre
Droits et devoirs
- Face au droit fondamental que sont les libertés individuelles nous n’avons pas mis des devoirs correspondants. Ce devoir correspondant c’est le devoir d’altruisme. Qui est proportionné aux libertés dont nous jouissons. Si je vis dans l’abondance j’ai des responsabilités et un devoir d’altruisme qui est supérieur à celui de quelqu’un qui vit dans la misère. (…)
- 200 000 enfants sont morts de la rougeole, au lieu de 800 000, grâce à l’argent de la Fondation Gates. Que se serait-il passé si Bill Gates s’était intéressé à la peinture ? Est-ce que 800 000 enfants seraient morts ?
Donc on ne peut pas bâtir un système vraiment stable sur la générosité il faut le bâtir sur l’altruisme.
Comment passer de la dimension individuelle à la dimension collective ?
- Où est passé l’altruisme dans le système ? Les notions de générosité et d’altruisme étaient présentes dans les dimensions religieuses qui ont beaucoup diminué . Il semble qu’on a délégué au système collectif, à l’état, la question de l’entraide.
- La solution passe par un travail individuel
- Il y a nécessité de rationaliser l’altruisme : de se doter d’une boîte à outils intellectuels adaptée
- On peut constater que la raison a fait beaucoup avancer l’humanité. Où nous situons nous par rapport à la raison ? On accorde une place prépondérante à l’émotion, alors que pour instaurer l’altruisme il faudrait que la raison domine le monde .
21 décembre 2009
LeMonde.fr
"Ce n'est pas la première fois que les graves problèmes moraux qui se posent dans le monde globalisé sont abordés et traités. Mais ce que nous propose ici Philippe Kourilsky, ce n'est ni plus ni moins qu'une approche inédite de ces questions centrales dans le monde d'aujourd'hui. Un livre magnifique."
Amartya Sen
Le problème est vieux comme la science et la philosophie. Pourquoi faisons-nous des bêtises ? Est-ce parce que nous sommes mauvais ? Ou bien est ce parce que nous raisonnons mal ?
C'est vers la deuxième solution que penche Philippe Kourilsky, biologiste, professeur au Collège de France, et conseiller de l'Institut Veolia Environnement, entre autres..., qui livre ici une belle leçon, de surcroît agréable à lire sur un sujet glissant : l'altruisme.
Le Prix Nobel d'économie Amartya Sen, auteur de la préface de ce livre, qualifiait naguère l'Homo oeconomicus d'"idiot rationnel". Pour Philippe Kourilsky, l'altruisme est en revanche "un attribut logique de notre être, une nécessité imposée par la raison".
Démonstration en trois temps. La science, rappelle d'abord l'auteur, se donne pour objet de décrire le réel. Ce faisant, elle le découpe en tranches, et prive notre intelligence de "certains segments de réalité".
Dans un deuxième temps, l'auteur explore la notion de responsabilité. Si les libertés individuelles constituent un droit fondamental, l'"altruisme rationnel" en est le complément indispensable, affirme-t-il. Alors, comment cet altruisme pourrait-il être introduit dans différents secteurs, et notamment dans la science économique ?
Tel est l'enjeu de la troisième partie, qui examine la gestion des problèmes de la planète, mais aussi la possibilité d'un "libéralisme altruiste", dans la mesure où, affirme l'auteur, "notre pensée est clairement libérale", au sens politique et philosophique du terme.
Le temps de l'altruisme est venu, estime Philippe Kourilsky. Nous prenons peu à peu conscience que notre rationalité est limitée. "Si nous éprouvons tant de difficultés à résoudre collectivement les grands problèmes de la mondialisation, c'est parce que, en tant qu'individus, nous ne percevons pas la réalité de façon adéquate", écrit-il. Il n'y a pas de solutions "clés en main".
Nous devons donc changer nos "représentations du monde". Sinon ? "Nos descendants lointains seront fondés à tenir notre comportement pour méprisable." Au moins, c'est clair...
Le Temps de l'altruisme, par Philippe Kourilsky, Editions Odile Jacob, 212 pages, 21,90 euros.
Philippe Arnaud
|
commenter cet article …