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Erik Blondin: «On demande aux policiers de contrôler au faciès»
Erik Blondin, gardien de la paix à Paris, est secrétaire général du syndicat de la police
nationale, auteur du «journal d'un gardien de la paix» (La fabrique 2002).
«Beaucoup de fonctionnaires parlent de rafles et de honte. […] L'opération de
contrôle d'identité on appelle ça «un 78-2», parce que c'est l'article 78-2 du code de procédure pénale qui prévoit ces choses-là. Le code dit que dans le cas où dans un secteur déterminé des
délits se produisent, le procureur envoie un «78-2» au commissariat. »
« Ainsi dans une période déterminée et dans un lieu cadré, les policiers peuvent contrôler sans motif préalable. Les policiers
quadrillent un secteur et interpellent pratiquement systématiquement toutes les personnes qu'ils croisent, avec palpation, et passage au fichier. On recherche des voleurs des agresseurs et
éventuellement des étrangers en situation irrégulière.
Dans l'esprit de ce texte, l'interpellation d'étrangers en situation irrégulière ne peut être qu'incidente. La perversité qui se met en
place aujourd'hui, ce n'est plus le procureur qui demande d'effectuer des contrôles, c'est le commissaire de
l'arrondissement qui demande la réquisition au procureur et c'est le procureur qui l'envoie. On a inversé les rôles».
«Théoriquement, le procureur, lui, en donnant un «78-2» attend des effectifs qu'ils aillent
rechercher tous les délits possibles. Dans la réalité, les consignes verbales qui sont données aux effectifs c'est d'effectuer un «78-2» pour interpeller
des étrangers en situation irrégulière. En procédant ainsi, la hiérarchie commet un acte illégal. Parce qu'elle
demande aux effectifs de police de procéder à une discrimination à caractère racial.
Quand on demande de contrôler des étrangers, on demande de contrôler au faciès. On est dans la perversité et dans la transgression de l'esprit de la loi.»
«Ce qui me gêne dans les protestations des gros syndicats de policiers, c'est qu'elles sont axées sur le confort de travail du
policier.
Pourquoi ne dénoncent-ils pas la transgression de l'esprit de la loi ? Les gros syndicats ont des moyens, ne serait-ce que celui de
mettre de milliers de policiers dans la rue.
J'aurais aimé qu'ils tapent du poing sur la table. Qu'ils fassent savoir que les policiers sont amenés à avoir des comportements que
leur conscience réprouve».
Propos recueillis par Karl Laske
Resf75@rezo.net