Le 5 novembre 2012
En règle générale je décroche lorsque mon téléphone portable sonne. Toutefois, j'ai parfois de bons prétextes pour retarder l'écoute des messages lorsqu'il m'arrive de ne pas répondre aux injonctions de la communication à distance.
La semaine dernière je consultais de temps à autre mes appels et je voyais la liste s'allonger...
Banon m'avait déjà appelé 2 fois, et je me disais qu'il faudrait peut-être que je me décide à donner signe de vie...
Il vient de me rappeler une troisième fois.
J'écoute le message. Et là je n'en crois pas mes oreilles :
"Hamet est arrivé chez nous, je suis allé le chercher à l'aéroport Charles de Gaulle samedi matin !"
Hamet, âgé de 13 ans, est de nationalité française comme ses parents, ses soeurs et ses frères.
Toute la famille vit à Saint-Denis depuis une décennie, sauf lui.
Son père se démène depuis 11 ans pour le faire revenir du Mali en France.
Je suis à ses côtés depuis 2008, et pas à pas nous avons pu faire évoluer la situation.
Jusqu'à cet heureux jour dont j'ignorais qu'il eût pu enfin arriver un jour...
C'est la bataille la plus longue que j'ai conduite auprès d'un usager devenu un ami.
Et la plus belle victoire à laquelle j'ai apporté mon concours.
Reste la seconde campagne, sans doute la plus longue et la plus âpre: l'apprentissage scolaire, l'adaptation à la société française, vivre la double culture...
Je sais déjà que pour Hamet, comme il le fait pour ses soeurs et ses frères, son père saura guider ses pas.
Mais existe-t-il encore un "rêve français" similaire au "rêve américain" ?
Je ne le pense pas, mais j'espère qu'à 13 ans tous les rêves sont encore permis.
Hamet est un peu le dernier né d'une fratrie - dont il est pourtant l'aîné en âge -; dont je serais un peu le parrain
inopiné.
Il y a longtemps que je pense qu'il faudra organiser un banquet pour fêter l'arrivée de Hamet.
Cette date échappera au temps non calendaire de l'administration des Etats.
C'est nous la fixerons.
Plume Solidaire