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14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 13:13



MOTS CROISES – France 2

Extrait / Intervention de Abdennour BIDAR

Emission du 29 juin 2009


 

Les paroles s’envolent, les écrits restent. D’où l’intérêt de transcrire certaines paroles qui font sens. Pour qu'elles durent un peu plus longtemps.

 

Voici  la première intervention d’Abdennour BIDAR, philosophe et écrivain, qui faisait partie des invités de cette émission. Sa prise de parole prenait appui sur trois approches qui lui sont personnelles.

 

Cette transcription conclut notre dialogue franco belge qui s'est instauré dans les commentaires de l'article "Virus ashunhainun : mesures de protection sur Plumeacide"

 

Voir Le blog d'Abdennour Bidar

 

 





1 – " En tant que philosophe

Je commencerai par une citation d’Emmanuel Levinas : «  Le visage me parle ».  Le visage dans toutes les cultures et toutes les traditions, c’est le miroir de l’âme. Le visage est un élément essentiel de la sociabilité. Quelqu’un qui ne montre pas son visage, c’est quelqu’un qui refuse tout contact avec moi qui soit un tant soit peu humain.


 2- En tant que républicain

Cela me pose un problème en tant que conception de l’espace publique. L’espace publique, c’est l’espace qu’on cherche à partager et que l’on cherche à rendre partageable. Et pour qu’il soit partageable, il faut que les individus qui évoluent dans cet espace acceptent de mettre de côté un certain nombre de leurs différences, ou en tous cas qu’ils rendent leurs différences acceptables à l’autre.


Il me semble qu’il faut faire extrêmement attention à ce que notre République, à ce que nos droits de l’homme, à ce que notre démocratie, ne se laissent pas prendre au piège par une interprétation fallacieuse de ses propres valeurs. Ce n’est pas parce que nous prônons la liberté de conscience, ce n’est pas parce que nous prônons le droit à la différence, que nous sommes tenus d’accepter la manifestation dans notre espace publique de n’importe qu'elle différence culturelle. Nous devons rappeler que dans notre culture philosophique, dans notre culture intellectuelle, dans notre culture politique, la notion de devoir va de paire avec la notion de droit. A partir du moment où un certain nombre de devoirs ne sont pas remplis par les individus, - en l’occurrence, quand ils sont dans les espaces publiques, le devoir de se présenter d’une façon qui soit acceptée par les autres  -;  il n’y a aucune raison pour que les autres leur reconnaissent le droit d’avancer dans cet espace publique.


Donc quelqu’un qui refuse même de me laisser voir son visage, je peux considérer en tant que républicain, en tant que je suis quelqu’un qui a une certaine notion de l’espace publique, qu’il ne rempli pas le devoir de sociabilité minimale qui lui fait droit de se manifester…


3- Du point de vue religieux : l’avis du musulman

Quand on dit que ce n’est pas un problème religieux c’est comme lorsque le football dit « les Hooligans, ça nous concerne pas ». C’est une pathologie religieuse. C’est quelque chose qui effectivement n’est pas du tout constitutif de la religion, qui n’est pas du tout constitutif de l’islam, mais qui en manifeste l’un des excès ou une des caricatures ; dont les musulmans en France, dans leur immense majorité, sont les premiers à souffrir. Dont ils sont les premiers à s’indigner.


Si on va chercher dans le Coran, les références exactes sont à la Sourate 33 et à la Sourate 24. Ce sont deux sourates dans lesquelles le Coran énonce un certain nombre de ce qui peut être considéré comme des conseils ou des recommandations.

 

Et là, la première chose à faire en matière d’éducation religieuse, c’est de se demander ce qu’est le statut de ce qui est dit dans le Coran. Pour les fondamentalistes, pour les intégristes, ce sont des prescriptions ou des obligations, alors qu’en réalité il est question dans ces versets d’une pratique qui je dirais, relève de la pudeur et de la non exhibition.

 

Donc, quand on veut d’un point de vie extrémiste, en tirer l’idée d’une prescription et d'un voile intégral, il est évident qu’on a à faire à une caricature de ce qui est dit dans le Coran.


Mais le point encore une fois le plus important c’est le fait de bien insister sur le fait que ce n’est pas parce que nous sommes dans une république de droits que l’on peut se saisir de ses principes de droits pour essayer de faire valoir n’importe qu’elle différence, même une différence qui serait en elle-même  négatrice de tout un ensemble d’autres notions qui sont fondamentales, comme la notion de partageabilité de l’espace publique."

 

Voir la vidéo de l'émission MOTS CROISES

 

 



  L'article du site Le Soir.be envoyé par Geneviève de Bruxelles

 

 

Alain Destexhe Sénateur

Claude Demelenne Journaliste

Voile : où sont les progressistes ?

lundi 06 juillet 2009, 15:24

A priori, tout nous sépare. D’un côté, un parlementaire libéral. De l’autre, un journaliste de sensibilité socialiste. En pure logique manichéenne, jamais nous n’aurions dû cosigner cette carte blanche, puisque nous appartenons à des « camps » opposés. Tout nous sépare-t-il, vraiment ? Certainement pas l’engagement, qui devrait être commun à tous les démocrates, en faveur de l’émancipation des citoyens, de l’égalité hommes-femmes et de la neutralité de l’État. Nous partageons la même inquiétude parce que cet engagement subit des ratés de plus en plus fréquents. Une partie des démocrates le placent entre parenthèses. Sur la question du voile islamique et, plus largement, de l’immixtion croissante de cléricaux rétrogrades dans la sphère publique, leur position est ambiguë. Par naïveté, aveuglement ou électoralisme, certains progressistes autoproclamés – certaines « féministes » aussi – relaient les thèses des musulmans rigoristes cherchant à autoriser presque partout le port du voile islamique : à l’école, dans les entreprises, dans les administrations, au parlement…


Le cas de Mahinur Özdemir (CDH), première parlementaire en Europe à siéger voilée, est révélateur de la dérive de certains « progressistes ». Cette élue voilée « peut être un modèle pour l’émancipation des femmes », a déclaré sans rire la députée écologiste, étiquetée très à gauche, Zoé Genot. Quel contresens ! Au-delà de cette déclaration abracadabrantesque, le moins que l’on puisse écrire est que la gauche et le centre gauche ne sont pas en première ligne pour défendre les conquêtes laïques et les droits des femmes, contestés par les partisans d’un islam rétrograde. Sur la scène politique, seuls quelques élus réformateurs défendent publiquement une position progressiste et appellent un chat un chat : l’apparition du voile dans une assemblée parlementaire constitue en soi une régression démocratique et un message désastreux envoyé aux femmes qui n’ont d’autre choix que de le porter. La Belgique apparaît aujourd’hui comme un laboratoire pour les militants islamistes. À l’aide de leurs compagnons de route, vrais ou faux naïfs « de gauche », ils pourront mettre un peu plus encore la pression sur les femmes musulmanes, sommées de donner des gages de « respectabilité » et de « pudeur » en portant le voile.


Bien au-delà du cas Özdemir, nous voulons en revenir à l’essentiel, évacué par les partisans d’un relativisme culturel anti-humaniste. Quelle est la signification du voile ? L’essayiste d’origine iranienne Chahdortt Djavann en a fourni l’explication la plus limpide : « Le port du voile est l’emblème, le drapeau et la clé du système islamiste. C’est autour du voile qu’une société islamiste peut se créer. Le voile est le meilleur moyen de gagner du terrain pour les islamistes. Avec le voile, les femmes… sont les biens des hommes musulmans… Une fois mise sur le marché, la fille voilée ne peut être acquise que par un homme musulman. Voiler la femme, c’est donner à voir non seulement le marché du sexe, mais le système qui le sous-tend. “Voilà les femmes que nous avons et que vous n’aurez que si vous vous convertissez à l’islam” : ce message vient des islamistes et s’adresse à tous les hommes susceptibles de le recevoir, ne serait-ce que parce qu’ils circulent dans la rue ou prennent le métro. Le voile est le meilleur instrument du prosélytisme islamiste » (1). Partout dans le monde, des femmes musulmanes se battent pour sortir de ce système islamiste qui cherche à les maintenir dans un statut de sous-homme. « Beaucoup de femmes musulmanes, écrit le philosophe Abdennour Bidar, préfèrent un islam du cœur, de la vie privée, refusant un voile, même léger, qui demeurera toujours comme un instrument de “marquage” qui laisse sur elles l’empreinte d’un pouvoir subi de la part des hommes » (2). Ce sont ces femmes musulmanes, courageuses et souvent héroïques, que méprisent, chez nous, ceux qui multiplient les concessions aux musulmans rétrogrades. Nous ne pouvons nous taire lorsque les compagnons de route des islamistes traitent de « racistes » ou d’« islamophobes » les démocrates qui veulent bétonner les conquêtes laïques et défendre le droit de toutes les femmes. Ce terrorisme intellectuel est d’autant plus insupportable qu’il est souvent pratiqué par des militants dits « progressistes » qui, lors de la manifestation pro-palestinienne du 11 janvier dernier, dans les rues de Bruxelles, ont défilé aux côtés d’islamistes encensant le Hamas et le Hezbollah, appelant à la guerre sainte et hurlant des slogans antisémites. Les donneurs de leçons devraient, parfois, se regarder dans un miroir. Nous regrettons que tant de démocrates, socialistes, écologistes, humanistes, féministes, s’autocensurent face à la montée du cléricalisme musulman ultraconservateur. Nous espérons que leur silence sera bientôt rompu. Nous savons que dans tous les partis, de très nombreux élus ne supportent plus la chape de plomb imposée par les compagnons de route des islamistes. Nous savons qu’ils sont nombreux à déplorer, qu’à Bruxelles particulièrement, les mosquées et les imams conservateurs, interviennent de plus en plus vivement dans le débat politique. Au point qu’aujourd’hui, il est devenu malaisé, pour un candidat d’origine arabo-musulmane, d’être élu, à Bruxelles, sans certificat de « bon musulman ». Il suffit de passer au crible les élus (et les non-élus) d’origine arabo-musulmane de certains partis démocratiques bruxellois pour comprendre. C’est tout sauf un hasard si certains, défenseurs d’un islam pas vraiment éclairé, sont élus, et si d’autres, pas assez conformistes pour bénéficier du soutien des mosquées, restent en rade. Nous appelons à un débat au sein des assemblées parlementaires dès la rentrée. Nous appelons à un sursaut : démocrates de droite ou de gauche, cessons de faire l’autruche face au retour d’un cléricalisme moyenâgeux maquillé en progressisme d’opérette. Les droits de l’homme et surtout de la femme sont en jeu, appartenons tous au même camp.


(1) Que pense Allah de l’Europe ? , éd. Gallimard, 2004. (2) Libération , 29 juin 2009.

 

 

 

 

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