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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 17:00



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Je garde un souvenir ému d’un roman de Camille Laurens qui s’intitulait « Dans ces bras-là ». J’en étais resté là dans mes relations avec elle.


Voilà qu’elle publie un article condensé, percutant et d’une grande lucidité dans Libération, que je reproduis ci-après.


Je fais partie de ceux qui ont pris conscience que la Présidence Sarkozy a fait entrer de plain pied les français dans une époque caractérisée par « L’horreur économique », telle que la décrivais déjà Viviane Forrester en …1996. A partir de cette rampe de lancement que sont la dynamique du sous emploi – et de l’exclusion-, et la situation engendrée par la crise financière mondiale et ses conséquences sur la réduction des recettes fiscales des Etats, la Sarkozie amplifie la réduction des services publics (RGPP, suppression de la Taxe Professionnelle et effondrement budgétaire des Conseils Généraux…). Cette politique économique est accompagnée par l’instauration d’une recentralisation du pouvoir politique (réforme régionale, suppression des Départements), et la mise en place d’un arsenal législatif (réforme de la procédure judiciaire, lois sur l’immigration, lois sur la petite délinquance, vidéosurveillance, Internet…) qui, sous couvert de répondre aux attentes de sécurité et d’efficacité des sanctions d’une partie de son électorat, tend à devenir un système de surveillance et de contrôle de l’ensemble de la population.


La conjonction de ces deux axes politiques donne le sentiment bien réel d’une évolution vers un état totalitaire, réduit à ses fonctions régaliennes.


A l’occasion de la disparition du Président Lech Kaczynski, autour de moi les langues commencent à se délier. Certains le pensent et d’autres le disent tout bas ou en riant : « ce n’est pas à nous que cela arriverait ! ».


J’ai dit


Plume Solidaire



 


12 avril 2010


Portrait de Sarkozy en phobocrate


Par CAMILLE LAURENS Ecrivaine


Si Sarkozy était une maladie mentale, ce serait la paranoïa. Tous les symptômes l’attestent, du plus banal au plus inquiétant. Ainsi, il a une très haute idée de lui-même, supporte mal la contradiction et se montre extrêmement susceptible. Sa persécution est sans limites et les offenses dont il s’estime victime sont exponentielles. Un badaud refuse de le saluer ? C’est un «connard». Un autre crie : «Je te vois» ? C’est un délit. Des ragots circulent ? C’est un complot. A la tête d’un pays qui l’a élu, il se méfie de ceux qui le constituent. Tout le monde est suspect : les parents d’être incompétents, les enfants d’être délinquants, les pauvres d’arnaquer les systèmes d’aide, les chercheurs de se la couler douce dans des labos où «i fait chaud et y’a de la lumière», les étrangers d’être des terroristes, les écrivains des grandes gueules et les bébés de la mauvaise graine.

 

France d’en haut ou France d’en bas, c’est Vigipirate à tous les étages. Même les amis, parfois, sont des ennemis ou le deviennent : alors on les limoge, on les mute, on les lâche, on les dénonce, on les brime. Au contraire, les intimes bénéficient de privilèges régaliens, et leurs villas sont protégées des méchants aux frais du contribuable - le paranoïaque aime à montrer son pouvoir : «Je ne supporte pas qu’on s’en prenne à mes amis parce que ce sont mes amis», résume-t-il dans une belle ambiguïté syntaxique. Epris du grand style français, «quel est le con qui a merdé ?» ajoute-t-il. L’autocritique n’est pas sa tasse de thé, l’autoritarisme, si. Il dit ce qu’il pense, il fait ce qu’il veut, il emmerde le populo : il n’a pas de devoir de réserve. Mais il a peur de tout ce qui pense, de tout ce qui lui échappe. Il ne veut voir qu’une seule tête, sinon il la coupe, surtout quand elle dépasse la sienne - cela arrive.

 

Cette maladie ne serait pas si grave si elle n’était terriblement contagieuse, et volontairement propagée. L’ambition du gouvernement semble être de refiler la peur à tout le monde comme on se passe la grippe : il convient de se méfier de son prochain et de se protéger de son voisin. Le discours sécuritaire exploite à fond les inquiétudes particulières et les tracas individuels. Pour inoculer la peur et déclencher la haine, son symptôme, Sarkozy isole. La peur divise afin de mieux régner. Elle sépare la société en unités hostiles qui se soupçonnent du pire et s’accusent de tous les maux : par exemple, le parent déteste le prof en grève (qui va garder les enfants ?) mais le prof déteste le parent qui s’immisce (de quoi se mêle-t-il ?). Sarkozy, quand il parle aux Français, ne s’adresse pas à des citoyens, mais à des individus, à des personnes privées - privées de confiance, surtout. Feignant de comprendre leurs peurs, il les alimente, l’idée-force étant de créer «une bonne insécurité». «La peur doit changer de camp», dit son conseiller. Mais la voilà partout. Il n’y a plus de nous, seulement des je perdus à qui on peut passer les menottes. C’est le fondement des dictatures, ces phobocraties : au début, il n’y a qu’un paranoïaque, puis tout le monde le devient. La peur règne sur un pays d’ennemis. Chacun achète alors une poupée vaudou à l’effigie de Sarkozy, et y plante vite fait des épingles avant qu’elle ne soit interdite.

 

Cependant, une société se juge à la manière dont elle traite ses fous. Si nous le sommes tous avec Sarkozy, trouvons-nous un traitement commun, un remède humain, une thérapie nationale.

 


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