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"Enjeux Les Échos" présentent les tenants et les aboutissants de la quadrature du cercle du pouvoir d'achat. Avec une nouvelle hausse du niveau général des prix en mars dernier (+0,8 %), jamais l'inflation sur douze mois n'aura atteint de tels
sommets depuis 1991, avec un chiffre de 3,2 %. Cette situation a conduit le gouvernement à anticiper la hausse du SMIC dès le 1er mai. Mais les marges de manœuvre des pouvoirs
publics sont pratiquement inexistantes.
La crise économique mondiale, bien que moins dommageable en France qu'aux États-Unis, devrait tout de même coûter 0,75 point de croissance à
l'Hexagone, où le PIB ne devrait augmenter que de 1,5 % par an. Le déficit budgétaire de l'État ne peut être encore aggravé
puis qu'il se montait déjà à 2,7 % en 2007 et qu'il devrait atteindre 3,1 % cette année. Et il ne faudra certainement pas compter sur la
politique monétaire de la Banque centrale européenne pour compenser cet état de fait. La BCE, qui garde en mémoire la douloureuse spirale inflationniste des années 1970, ne diminuera probablement
pas ses taux d'intérêt.
Dans ce contexte politique chargé, la solution pourrait venir des entreprises à travers une hausse des salaires. Mais si ces
augmentations ne s'appuient pas sur une croissance des revenus réels, elles ne feront que renforcer la flambée inflationniste. Or, les entreprises de France, avec une demande
intérieure faible, ne peuvent se reposer que sur les exportations pour accroître leurs revenus. Et l'Hexagone pâtit en la matière d'un déficit de
compétitivité qui confère au pays une vulnérabilité au taux de change bien supérieure à celle de nos voisins allemands, qui peuvent s'appuyer sur la « qualité » de leurs
exportations et la spécialisation de leurs industries pour soutenir leur commerce extérieur.
Dans cette configuration peu encourageante pour la France, l'augmentation des salaires s'avèrerait en fin de compte contre-productive. L'article conclut sur un constat : la hausse des inégalités qui en découlera entraînera une montée des tensions sociales qui risque de devenir difficile à maîtriser. (Enjeux Les Échos, p47, Marie-Paule Virard, 01/05/2008)