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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 18:00

 

 

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L'écrivain public, au-delà de l'action civique de solidarité auprès des immigrés qui constituent la très large majorité des usagers de notre association, est aussi un citoyen.

Le citoyen que je suis s'interroge sur l'avenir du Vivre ensemble dans notre pays, et tout particulièrement sur les relations entre les cultures françaises et étrangères.

Quelle place reste-t-il aux relations entre français et populations immigrées dans un pays où l'actuelle contestation de l'impôt radicalise le rapport à la politique et à l'Etat, concentrant l'attention sur les difficultés matérielles de vivre des salariés et des entreprises ?

Dans une France qui se désindustrialise à grande vitesse, dès lors que l'accès à l'emploi constitue le principal vecteur d'insertion dans la société, comment les étrangers peuvent-ils s'intégrer avec un taux de chômage qui n'a jamais été aussi élevé ?

Comment Vivre ensemble, formule récente attestant des réalités des fractures économiques, territoriales, culturelles, et des écarts de répartiton des richesses dans une nation sans croissance, dont le socle de l'Etat providence - surendetté - conçu par le Conseil National de la Résistance ne cesse de se déliter ?

 

Plume Solidaire

 

 

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 15:16

 

 

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D’origine quimpéroise par mon père, j’ai successivement habité de 1963 – période du remembrement agricole dévastateur des paysages – à  Pontivy jusqu’au Bac en 1969. Puis de 1982 à 1992, j’ai exercé des responsabilités dans le secteur culturel à Lorient pendant la durée des mandats de Député-maire, de l’actuel Ministre de la Défense.

Je suis profondément attaché à la Bretagne. A sa culture de la mer et à ses paysages.

De cette seconde période résidentielle, j’ai conservé une profonde défiance à l’égard des prosélytes identitaires bretonnants – linguistiques, régionalistes, autonomistes, indépendantistes – et de la culture clanique (pan)celtique.

J’ai aussi étudié les fondamentaux de l’histoire des ultras de la culture bretonne ; et gardé en particulier en mémoire la période de l’alliance entre les nationalistes et les nazis.

Anticipe-telle la fédération des frondes briarde, gersoise, limousine, bressane, du Massif des Bauges au Médoc et de la haute Vallée d’Aure au marais audomarois…autour d’une même lutte : « Tous contre l’écotaxe » et « Tous contre la désertification rurale » ? 

Voici ci-dessous, en hommage à l’auteur de l’article du  Monde qui suit,  mes notes personnelles rédigées dans les premiers jours de novembre, au tout début de la jacquerie bretonne; avant la manifestation de Quimper, et des contre manifestations successives organisées par les syndicats. 

 

(…) « Lorsque d’aucuns affirment aujourd’hui que les « français font sécession », c’est bien de cela qu’il s’agit. Ainsi la « révolte des Bonnets rouges », qui fait allusion à la révolte du papier timbré*, est-elle une résurgence du rejet de l’Etat, de l’impôt, de la séparation d’avec la Nation dans son ensemble. L’affirmation violente du refus de l’application d’une directive de l’Union Européenne, l'écotaxe, exprime le refus d’une gouvernance nationale et européenne jugée lointaine et méprisante qui s’impose au "peuple" (breton), en faisant référence à un épisode de l’histoire régionale et au symbole du Bonnet rouge. Bonnet rouge censé traduire le caractère  identitaire breton.


Elle manifeste la révolte de la périphérie (bretonne) contre le centre (Paris), à l'initative d'entreprises fragilisées par l’écotaxe et de salariés, de salariés licenciés, de minorités radicales et d'un parti d'extrême gauche, contre la majorité silencieuse et contre l’Etat central. L’actuelle révolte est de nature poujadiste, assumée comme telle par certains, unissant dans une même lutte les acteurs autour de motifs d'ordre économique, politique, et territorial. Ses thématiques protestataires recouvrent en partie les antiennes de la droite populiste telles qu’elles étaient portées il y a bientôt soixante ans par Pierre Poujade puis Jean Marie Le Pen et le Front National : l’impôt, l’Etat centralisé (jacobin), les corps intermédiaires (syndicats), la  représentation démocratique non locale (parlementarisme), et l’Europe.


Derrière les Bonnets rouges, semble se profiler la volonté d'une rupture régionale, qui fait penser aux vélléités d'indépendance, au risque de l’éclatement de certains états nations européens, tel qu’il est réapparu sous des formes différentes en Catalogne et au Pays basque en Espagne, en Ecosse et en Irlande en Grande Bretagne, et en Flandre en Belgique ?


Le drame est que dans notre pays, le consentement du politique à l’opinion du plus grand nombre, ou sous la pression des minorités agissantes, s’est historiquement substitué à la foi des religions, tend à remplacer la loi, et règle les comportements : on parle de « gouvernement par les sondages ». La Liberté d’expression que fait défaillir un jour la prise de libertés des opinions communautaires sous la pression d’une censure religieuse (affaire dite des caricatures de Mohomet), fait résurgence le lendemain par l’expression d’une autre mystique radicale et raciste (inspirée des formes d’action propres à l’Opus Dei) en s’opposant activement à la Loi elle-même (manifestation d’Angers contre la Loi dite du mariage pour tous); pourtant traduction de la volonté majoritaire.


La pression des opinions publiques sondées à grands frais, comme on l'a vu sous la présidence Sarkozy, fait plier les gouvernements et reculer la puissance de l’Etat. Partant elle affaiblit la République.


La question de fond demeure toujours la même : est-ce la règle qui garde les hommes ou les hommes qui gardent la règle ? Aujourd’hui, la force normative de la règle que représente l’intérêt national, l’intérêt public et l’intérêt général portés par les institutions de la cinquième république, s’amenuise. Elle ne semble plus garder les hommes qui l’enfreignent, de « Génération pigeons » en jacquerie anti taxe. Tandis que dans le même temps, il devient de plus en plus difficile pour les autorités politiques, du fait du non remplacement des effectifs de la fonction publique pour réduire la dette de l’Etat, d’exercer la fonction régalienne de gardiennes de la règle (Police, Justice).


La démocratie est allée au bout d’elle-même. Sans se substituer pour autant à l’exigence populaire du maintien de l’Etat providence qui, tout en se plaignant de la "désertification rurale", refuse l'impôt dans une aporie où la stratégie d'alliance temporaire des intérêts particuliers et corporatistes surplombe l'intérêt général.


Ces jacqueries, sous leur forme éruptive, sont le contraire des Cahiers de Doléances des Etats Généraux de 1789 qui réunissaient les trois ordres (Noblesse - Clergé - Tiers Etat), et réclamaient l'égalité fiscale.


A l’heure du numérique et de la mondialisation marchande, si le renoncement du Pouvoir central devait succéder à la suspension de l'écotaxe, il prendrait la signification d'un nouveau triomphe posthume de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, contre ce qui reste de l’autorité de l’Etat jacobin, et de son pouvoir de prélever l’impôt.


Fût-ce au nom d'une décision de l’Union Européenne. »


Plume Solidaire

 

*La Révolte du papier timbré est une révolte antifiscale d’Ancien Régime, qui s’est produite dans l’Ouest de la France, sous le règne de Louis XIV (d’avril à septembre 1675). Elle est déclenchée par une hausse des taxes, dont celle sur le papier timbré, nécessaire pour les actes authentiques.

La révolte eut plus d’ampleur en Basse-Bretagne, notamment en prenant un tour antiseigneurial sous le nom spécifique de révolte des Bonnets rouges, car certains insurgés portaient des bonnets bleus ou rouges selon la région : ainsi dans le centre-ouest de la Bretagne et notamment dans le Poher où la révolte fut plus violente, le bonnet porté par les insurgés était de couleur rouge, tandis qu'il était bleu dans le Pays Bigouden (Source wikipedia)

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Bonnets rouges : des dérives autonomistes derrière les revendications sociales

 

LE MONDE | 13.11.2013 à 19h45 • Mis à jour le 15.11.2013 à 10h55 |Françoise Morvan (Ecrivaine, traductrice et spécialiste du folklore breton)

 

Des Bretons affublés de bonnets rouges défilant sous une marée de drapeaux noir et blanc : l'image a fait le tour de la planète. Les ouvriers bretons licenciés défilent à l'appel des patrons bretons sous un même drapeau, le drapeau breton. Le drapeau breton montre que les Bretons sont tous unis pour mener le même combat séculaire : les bons Bretons sont en révolte contre la France. Ils veulent leur liberté, la « liberté armorique » revendiquée au XVIIe siècle lors de la révolte dite des « bonnets rouges » (qui, en fait, étaient aussi bien bleus).

 

Pour les patrons de l'agroalimentaire qui appellent à manifester, la liberté a un sens bien précis. Pour les élus à l'origine de cette énorme opération de propagande, il a un sens non moins précis. Ce qui les rassemble se résume en un mot : autonomie.

 

Les premiers sont fédérés en un lobby qui réclame le droit d'en finir avec la République et ses lois contraignantes : c'est ce qui s'appelle en attendant mieux « droit à l'expérimentation ». Les seconds appuient ce projet en vue de faire de la Bretagne une nation tenant sa place dans une Europe des peuples et ethnies solidaires.

A la tête des premiers, Alain Glon, ex-président de l'entreprise Glon-Sanders et président de l'Institut de Locarn. A la tête des seconds, Christian Troadec, maire de Carhaix, fondateur du parti autonomiste Nous te ferons Bretagne, soutenu par le Parti breton, indépendantiste, relais de l'idéologie de Locarn.

 

UNE STRATÉGIE DE L'ENTRISME

 

Electoralement, ils ne représentent rien (aux élections régionales, la liste de Troadec n'a pas obtenu 5 % des voix). Politiquement, ils mènent le jeu face à un pouvoir incapable de leur tenir tête, faute d'avoir su faire pièce, dès l'origine, à une stratégie de l'entrisme menée depuis tous les points d'accès possible : gauche ou droite, écologie ou développement sans contrôle de l'agroalimentaire, appels aux droits de l'homme pour défendre l'homme breton exclusivement, apologie de la Résistance bretonne et assimilation de la Résistance au combat breton mené par les nationalistes alliés aux nazis, et, pour finir, appel des ouvriers à défiler au nom de la Bretagne derrière les patrons qui les licencient.

 

Les ouvriers défilent : la démonstration est faite, ils sont bretons. Leur identité les amène à se révolter : ils se mettent des bonnets rouges sur la tête. Ils se révoltent au nom de leur nation niée, le drapeau le prouve : ils brandissent des drapeaux noir et blanc.

 

Personne ne rappelle que le sinistre drapeau noir et blanc a été inventé par un druide raciste comme symbole antirépublicain, à partir d'hermines représentant les évêchés de la Bretagne féodale, la Bretagne d'avant la Révolution française tant honnie par les autonomistes dont il était l'un des chefs. Personne ne rappelle que la sanglante jacquerie dite des « bonnets rouges » était dirigée contre la noblesse et le clergé bretons autant et plus que contre les fermiers du roi.

 

Et surtout, personne ne se demande qui sont ces patrons qui sonnent le tocsin contre l'écotaxe et distribuent des bonnets au peuple pour l'enrôler dans une croisade identitaire. Produit en Bretagne (300 entreprises, un phare bleu sur fond jaune garantissant la qualité du « made in Breizh »), bon label, bons patrons – ils font plier Paris : c'est une victoire.

 

Seuls sont interrogés à ce sujet les autonomistes, Alain Glon, pour l'Institut de Locarn, Jakez Bernard, pour Produit en Bretagne, Romain Pasquier, Ronan Le Coadic, Christian Troadec… La « misère armorique » fait le beurre du séparatisme.

LA PREMIÈRE D'UNE LONGUE SÉRIE

 

Présentée comme née spontanément d'une révolte atavique des Bretons contre l'impôt, écotaxe ou gabelle, cette opération médiatique a été soigneusement orchestrée et d'ailleurs présentée dès l'origine comme la première d'une longue série. On ne peut la comprendre qu'en la prenant pour ce qu'elle est, à savoir une phase particulièrement voyante de la réalisation du projet politique poursuivi par le lobby patronal breton.

 

Voilà quelques années, tenter d'expliquer le rôle du Club des Trente ou de l'Institut de Locarn dans la dérive identitaire à laquelle on assiste en Bretagne vous exposait à vous faire accuser de conspirationnisme. L'un des premiers soutiens de l'Institut, Patrick Le Lay, jurait ne pas le connaître. De même, des responsables de Produit en Bretagne assuraient n'avoir aucun lien avec Locarn.

 

Les statuts de ces associations ont pourtant été déposés à la sous-préfecture de Guingamp : l'association Institut de Locarn, culture et stratégies internationales a été déclarée le 5 avril 1991 ; Produit en Bretagne le 9 février 1995, bizarrement, à première vue, précédée, le 2 juin 1993, par une Association Coudenhove-Kalergi-Aristide-Briand ayant, elle aussi, son siège à l'Institut de Locarn.

 

Le comte de Coudenhove-Kalergi est le fondateur de l'Union paneuropéenne, dont les principes fondamentaux peuvent être lus en ligne : « L'Union paneuropéenne reconnaît l'autodétermination des peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel, économique et politique. » « Le christianisme est l'âme de l'Europe. Notre engagement est marqué par la conception chrétienne des droits de l'homme et des principes d'un véritable ordre juridique. »

 

L'ÉTAT-NATION DOIT DISPARAÎTRE

 

Le projet de l'Institut de Locarn a été exposé par son fondateur, Joseph Le Bihan, en 1993, sous le titre « Genèse de l'Europe unifiée dans le nouveau monde du XXIe siècle » : la France n'a plus d'avenir ; l'Etat-nation doit disparaître ; il faut liquider l'éducation nationale, les services publics et surtout les services culturels, en finir avec l'héritage de la Révolution française, syndicalisme, laïcité, et autre boulets : « Nous allons réintégrer cette Europe de la civilisation et de la propreté qui existe déjà en Allemagne, en Suisse et dans certains pays nordiques. »

 

Le plus beau jour de l'histoire de l'Institut, d'après son fondateur, a été, en juin 2006, le jour où le président du conseil régional socialiste, Jean-Yves Le Drian, est venu y présenter son projet pour la région. Depuis, la messe est dite et la collusion sans mystère. Nul espoir que la gauche s'oppose au projet obscurantiste de Locarn – dont les Bretons ne voudraient pourtant pas s'ils étaient consultés.

 

Le discours ethniciste des élus socialistes qui ont fait entrer les autonomistes de l'UDB au conseil régional s'inscrit dans la droite ligne de celui des patrons bretons et la labellisation de la Bretagne sur base identitaire semble irrémédiable.

 

Alain Glon, lors de l'université d'été de Locarn, déclarait : « Notre problème, c'est la France » et donnait pour modèle l'action des Flamands susceptible de faire éclater la Belgique en ethnorégions.

 

C'est dans ce contexte qu'Alain Glon et Jakez Bernard, encore eux, ont lancé cette année à Pontivy « l'appel breton du 18 juin » pour une  « gouvernance économique régionale » et « le droit à l'expérimentation ». Fondant par la même occasion un nouveau lobby, le Comité de convergence des intérêts bretons (CCIB) avec pour mot d'ordre « Décidertravailler et vivre au pays » (le mot d'ordre de Troadec ralliant les bonnets rouges), ils ont clamé : « L'heure des méthodes douces est révolue. Pour obtenir des réponses concrètes et immédiates, il va falloir livrer bataille. » La première bataille à livrer était la lutte contre l'écotaxe.

 

L'écotaxe a bien servi. Sous bonnet d'acrylique fabriqué en Ecosse, les bons Bretons sont venus fournir les troupes. On les faisait danser en chapeaux ronds, ils défileront en bonnets rouges. Le lobby breton a gagné : la guerre ne fait que commencer.

 

Françoise Morvan (Ecrivaine, traductrice et spécialiste du folklore breton)

Françoise Morvan est l'auteure du « Monde comme si –Nationalisme et dérive identitaire en Bretagne » (Actes Sud/Babel, 2005)

 

 

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 17:00

 

 

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Les démantèlements à répétition des campements de Roms ne peut que soulever le coeur.

 

Mai les récents propos du Ministre de l'Intérieur ne contribuent pas à aborder un problème humain, économique et culturel particulièrement complexe, avec le recul et la sérénité nécessaires. 

 

Si l'on veut bien mettre de côté la question de la délinquance (notamment à Paris), qui relève des pratiques mafieuses et de la maltraitance des mineurs, et éviter les amalgames à caractère raciste et discriminatoire, la question de l'installation des 17 000 Roms bulgares, roumains, et hongrois - vivant dans 394 campements illicites avec 4 300 enfants -, est d'abord un problème européen et une question de traitement de ces populations par leurs états d'origine.

 

Car si précisément ces populations en viennent à s'installer en France, la principale raison tient au fait qu'elles sont rejetées en marge de leurs propres sociétés.

 

Les cris d'orfraie des bonnes consciences désireuses de réserver le meilleur accueil à toutes personnes, d'Europe et d'ailleurs, parvenant à pénétrer sur le territoire français, ne font pas oublier la quantité croissante d'inégalités et d'injustices préexistantes à leur arrivée, dont souffrent de plus en plus de français et d'étrangers en situation régulière, et irrégulière (pour partie maintenus dans cette situation par décision préfectorale).

 

Selon l'Observatoires des inégalités, la France compte entre 4,9 et 8,8 miilions de pauvres selon la définition adoptée, et le nombre de personnes concernées a augmenté de 1 million depuis 2002.

 

Nous écrivains publics, qui constatons quotidiennement les effets réels de la dégradation de l'emploi, les carences en matière de logements sociaux, les restrictions et les embuches rémanentes pour l'accès aux aides sociales que sollicitent légitimement la plus grande partie des personnes qui viennent nous voir, devons aussi nous poser la question des conséquences de la présence de ces nouvelles populations précaires.

 

Faudra-t-il au nom de la liberté de circulation en Europe (accords de Schengen), accorder en priorité aides sociales, logement, éducation scolaire, formation et insertion professionnelles aux résidents européens exclus de leurs pays, alors même que le secteur public ne parvient pas à gérer efficacement l'augmentaion de la pauvreté, et que les déficits publics ne cessent de croître ?

 

A quel titre les contribuables français, de plus en plus sollicités pour combler les dettes de l'Etat et des comptes sociaux, devraient-ils se faire un devoir de solidarité à l'égard des ressortissants des nouveaux entrants dans l'UE, en lieu et place des contribuables de ces pays et de leurs représentants ?

 

L'obligation d'accueillir dignement les Roms, et le respect des droits de l'homme seraient-ils à sens unique et du ressort de certains pays, et en particulier le nôtre, sachant que 77% des personnes récemment sondées à la demande du Figaro approuvent le Ministre de l'Intérieur, tandis que 9 sur 10 estiment que les Roms s'intègrent plutôt mal *?

 

Par ailleurs, la question demeure, de savoir comment on été dépensés les fonds européens destinés à l'amélioration des populations Roms qui ont été versés à la Bulgarie et à la Roumanie.

 

Enfin, comme le souligne Stéphane Rozès dans sa chronique, le problème de l'intégration des Roms apparaît d'autant moins aisément soluble dans la République qu’en janvier prochain, ils pourront circuler de pleins droits dans l'Union Européenne. Et que, en second lieu, l’opposition entre l'approche culturelle identitaire qui repose sur l'appartenance (ou non) à un territoire, à une structure communautaire et à la prééminence de ses propres règles ou à une nation, à un mode vie itinérant ou un séjour conditionné par un titre de travail, sont en l'état des choses difficilement conciliables. 

 

Cette immigration encore illicite, et les réactions qu’elle suscite, entre éthique de la conviction (accueil et insertion en vertu des principes des droits de l’homme), et éthique de la responsabilité (« la France ne peut accueillir toute la misère du monde »), sont la parfaite illustration d’une controverse en boucle.

Sans fin, et vaine pour le citoyen réduit à l’impuissance et à l’état de témoin pris à parti et sommé de se prononcer, par les politiques et par les médias – et inversement; par son entourage.

Ce débat, vu du prisme de gauche, semble d’autant plus vain qu’il est soumis aux paralogismes qui sévissent dans les raisonnements courants :

 

  • ne pas s’opposer au démantèlement des camps -> c’est manifester son indifférence, un manque d’humanisme, masquer une haine ou une forme de racisme envers les tsiganes, ou une approche exclusivement comptable ou culturelle -> c'est donc cautionner de fait le démantèlement des camps illicites et les expulsions -> prendre une posture de refus de l’étranger -> opter pour le nationalisme -> et soutenir une politique de droite extrême ou d’extrême droite.
  • s’opposer au démantèlement des camps -> c’est affirmer contre vents et marée que la France doit rester le « pays des droits de l’homme » quel qu’en soit le coût et les conséquences -> c’est exprimer sa solidarité avec des populations exclues et précarisées et le devoir d'hospitalité -> affirmer les valeurs universelles de la République -> maintenir le droit de circuler dans l'UE - > lutter contre la montée des idées nationalistes -> soutenir une politique de gauche.

 

Au-delà, c’est le discours moral et, pour partie la confrontation des idéologies, qui sont convoqués; camp de la vertu contre le camp de l’immoralité.

 

Vu du prisme de droite, j’imagine que c’est le camp des laxistes-idéalistes-hypocrites pétris de bons sentiments, qui s’opposerait à celui de l’application à la lettre du droit actuellement en vigueur.

 

Or, pour m’en tenir au prisme de gauche, il est aisé selon ce modèle de raisonnement, de classer aussi dans la catégories de l’immoralité, quiconque ne conçoit pas la question Rom en terme d’expulsion, tout en étant conscient dans le contexte actuel de relatif déclin économique et de réduction des budgets sociaux et des services publics, des conséquences en termes de justice et d’égalité des droits.

 

En la circonstance, la liberté que prennent les Roms de Roumanie et de Bulgarie de circuler illégalement en France semble poser trois registres de problèmes fondamentaux :

 

  • le problème d’injustice du sort réservé aux Roms dans leurs pays respectifs et dans toute l’Union Européenne ; de l’injustice qu’occasionne leur installation surmédiatisée, à l’égard de ceux qui se considèrent comme légitimement prioritaires en termes de solidarité nationale et de ceux qui la financent (contribuable);
  • la réalité des postures de haine, moralement et juridiquement condamnables, qu’expriment une partie des français à l’égard de ces populations ;
  • un problème juridique pour tous les pays concernés et pour l’UE.

 

Enfin, il me semble que le droit de réserve s’impose aussi compte tenu de la complexité de l’enjeu que représentent ces joutes idéologiques et politiques en période préélectorale (les Maires étant les premiers touchés par cette problématique), entre partisans ou opposants du démantèlement au sein de la gauche, s’opposant à une droite majoritairement réputée favorable aux expulsions.

 

 

Lorsque nous sommes confrontés dans le domaine scientifique à un problème complexe, nous avons l’humilité d’accepter que nous ne pouvons en trouver la solution par nous-mêmes. Quitte à nous battre les flancs.

 

En matière politique, nous avons tendance à croire, que les réponses aux questions posées sur la place publique et qui nourrissent le débat démocratique sont à la portée de toutes et de tous.

 

Je pense que c’est une illusion, et que des solutions qui semblent évidentes ne vont pas toujours de soi.

 

En ce qui me concerne, je reconnais que la solution au problème Rom me dépasse : je comprends les problèmes que certains d’entre eux engendrent pour mes compatriotes, j’ai le sentiment que leur intégration dans la société française est d’autant difficile que leur présence – comme celle des immigrés – est mal acceptée, que l’écart des cultures et des mentalités est abyssal, et que le mode de vie nomade et un accueil digne supposent le financement d’infrastructures locales sur tout le territoire...et l'assentiment des 36 000 maires de France.

 

Ceci posé, il me semble que fuir son pays parce qu’on y est maltraité pour des raisons ethniques pose un problème aux pays dans lesquels les populations discriminées s’installent, et où elles ne sont à l’évidence pas les bienvenues pour les mêmes raisons. Si j'imagine que les Roms peuvent s'intégrer, aussi bien que toutes les populations immigrées, je vois mal comment les français pourraient devenir plus hospitaliers.

 

Ces composants décrits suffisent à dire la complexité du problème. Et l’importance du droit de réserve sur une question humaine de cette ampleur.

 

Je sais que l'enfer gît sous les pavés des bonnes intentions, et l'angélisme est trop souvent l'allié ou le compagnon de route de la haine, qu'il alimente contre son gré.

 

Et ce n'est pas la Ministre de l'Ecologie qui apporte la démonstration du contraire; ni la circulaire si diversement appliquée du 26 août 2012.

 

Je pense que parfois, se taire – pour rester poli – c’est faire preuve d’humilité.

 

Il faudra que j’apprenne à me taire encore plus fort.

 

 

* 98% des sympathisants de droite partagent ce point de vue contre 84% des sympathisants de gauche.

 

 

 

Pour creuser un peu plus : Observatoire des inégalités

 

Les Roms :  une minorité marginalisée

 

Chasse aux Roms : une arme à double tranchant

 

 

 

 

Plume Solidaire

 

 

 

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Source :

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