Photo Sénat
Je n'ai aucune espèce de sympathie pour cet ancien ministre du gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac, que j'ai croisé il y a peu de temps devant l'entrée du Sénat.
Monsieur Longuet est actuellement président du groupe UMP du Sénat.
Je me souviens très bien de sa réputation de violence politique du temps de son appartenanvce au mouvement d'extrême droite Occident, spécialisé dans l'usage de la barre de fer, avec ses amis Patrick Devedjian, Alain Madelin, Hervé Novelli, François d'Orcival, Claude Gloasgen, Didier Schuller.
Vous noterez bien que ces hommes issus d'un groupuscule autenthiquement faschiste de quelques centaines de militants venus de la droite du Front National, que certains rejoindront après la dissolution de ce mouvement par décret du gouvernement le 12 juin 1968, font tous de brillante et longue carrière politique au sein des mouvements libéraux ou conservateurs de droite.
Gérard Longuet a fait amende honorable pour cette erreur de jeunesse. Dont acte.
Pour une fois j'aimerais presque voler au secours de Gérard Longuet !
Je comprends sur le fond la teneur de sa petite phrase lors de son interview par France Info hier lorsqu'il a évoqué "la possible nomination de Malik Boutih à tête de la Halde, la haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité. Selon le président du groupe UMP au Sénat l’ancien président de SOS racisme n’est pas "le bon personnage".
L'idée qu'il énonce est celle qui consiste à dire que le principe de la Halde " c'est que la France s'ouvre aux populations nouvelles", et que, pour que les français "de souche" acceptent plus facilement de vivre avec les étrangers, il vaut mieux que ce soit "le corps français traditionnel", autrement dit un français qui soit à leur image - qui leur ressemble - qui représente symboliquement cette volonté de l'Etat.
Il y a là un contradiction dans les termes. Car si Gérard Longuet exprime à la fois sa désappobation des discriminations de sexe, d'âge, d'origine et le racisme qui déshonorent notre pays, et le souhait que les étrangers soient mieux acceptés par les français d'origine; il formule le postulat qu'un français d'origine étrangère serait moins efficace à ce poste parce que non reconnu de par son origine par les mêmes français pour accomplir cette mission.
Il réintroduit à la fin de son raisonnement la distinction entre français de "souche" et français "immigré".
Du même coup, alors même que son intention semblait consister à montrer l'importance de l'enjeu politique pour la cohésion nationale de la réduction des discriminations et du racisme, et le rôle essentiel du président de la Halde pour atteindre cet objectif, l'influence de l'idéologie raciste de sa jeunesse ressurgit. En réintroduisanr la norme ethnique et la négation de l'idée de la diversité des origines françaises.
Cette forme de lapsus est doublement tragique : il démontre la prégnance de l'idéologie de l'extrême droite dans la culture de l'un des hommes politiques les plus représentatifs de la République et de la majorité au pouvoir. Tragique aussi jusqu'à l'absurdité - tragi comique - aussi dans le fait que les français qui tolèrent, acceptent ou pratiquent les discriminations et le racisme ne seraient susceptibles de changer qu'à la condition que ce soit un français qui dénoncent leurs attitudes et leurs conduites.