Je n'avais pas vu Fatna depuis le pique-nique de cette journée ensoleillée du mois de mai, qui avait précédé l'assemblée générale annuelle de 2011.
Coup de téléphone pendant la permanence de samedi matin.
- "Bonjour Monsieur Plume Solidaire, est-ce que je peux venir vous voir ce matin ?
- Ce sera avec plaisir Fatna, il y a longtemps qu'on vous a pas vue !
- Je prends le métro et j'arrive..."
Un peu plus tard, poursuivant la noria des entretiens et des démarches, je descends au rez-de-chaussée inviter la prochaine personne qui attendait son tour à me suivre jusqu'au bureau.
Elle était là, souriante, avec son aîné et son caddy dans la grande salle où les usagers attendent, devisant en compagnie de l'amie collègue de travail qui attendait aussi son arrivée pour repartir ensemble. Amie, venue sur recommandation de Fatna, et dont je venais le matin même de rédiger la lettre de relance au Préfet pour l'attribution d'un logement.
Constatant la façon dont elle avait piloté son dossier de logement, j'ai compris qu'elle était bien accompagnée.
Et quelque chose me dit qu'elle ne va pas attendre cinq ans pour sortir de son gourbis insalubre de marchand de sommeil qui pourrissent la vie des plus humbles et rendent les enfants asthmatiques.
Bisou-bisou et Fatna me confirme ce qu'elle m'avait annoncé au téléphone : elle a déménagé dans le 13ème arrondissement depuis janvier 2012 dans un superbe appartement d'un quartier calme dans lequel elle nage dans le bonheur.
Son seul souci : trouver une place en crèche pour son deuxième garçon.
Pourquoi tant de joie et de reconnaissance ?
Parce que Fatna a remué terre et ciel depuis 2008 pour obtenir ce logement.
Et que c'est ensemble que nous avions entamé cette longue traversée en introduisant en 2008 l'un de nos premiers recours devant la Commission départementale de logement, suivi d'un recours devant le Tribunal Administratif de Paris, de rendez-vous avec un célèbre député parisien du 16ème arrondissement, de relances épistolaires...
Ainsi l'année 2012 s'achève-t-elle sur une belle aventure humaine et urbaine.
Etre heureux ne suffit pas; encore faut-il que les autres le soient. Et quand au surpus vous apprenez que vous y êtes pour quelque chose, cela aide à enfouir la goujeâtrie des autres au fond de la trappe des déconvenues.
Le bonheur de la pratique des écritures publiques tient aux contreparties que nous pouvons en tirer de notre vivant sur cette Terre. C'est la reconnaissance.
Le besoin de reconnaissance peut être compris comme l'expression humaine d'un sentiment attendu et mérité, comme il peut une devenir une forme d'exigence manifestant une addiction visant à flatter l'ego.
La reconnaissance c'est comme le cholestérol; il y la bonne et la mauvaise.
La vraie reconnaissance est celle qui vient des tripes et qui est le fruit d'une histoire partagée. Elle montre à l'échelle d'une relation basique d'atomes sociaux, que le futur a un avenir.
Que l'espoir peut devenir réalité.
Bon Noël à toutes et à tous !
A l'année prochaine.
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