Mise à jour le 17 octobre 2010
Guerlain dérape en direct sur "les nègres"
envoyé par LePostfr. - L'actualité du moment en vidéo.
Le Figaro – 4 juin 2010
« Attaqué en justice suite à des propos adressés en septembre dernier à un jeune militant UMP d'origine arabe, le ministre de l'Intérieur a écopé d'une
amende de 750 euros. Il a décidé de faire appel.
Dans un verdict prononcé vendredi par le tribunal correctionnel de Paris, Brice Hortefeux, absent à l'audience comme au délibéré, a écopé d'une amende de 750 euros.
Une condamnation plus sévère que les réquisitions du procureur. Lors du procès, le 16 avril, le parquet avait en effet demandé la relaxe, reconnaissant que les propos incriminés étaient
«outrageants» et «méprisants» mais doutant de leur caractère public. Brice Hortefeux ne pouvant «être pénalement comptable d'un propos non destiné à être entendu», le tribunal a
requalifié le délit en simple contravention de 4e classe. Les juges ont cependant confirmé que l'injure stigmatisait les personnes d'origine arabe, «présentées négativement du seul fait de leur
origine».
Outre la simple contravention de 750 euros, Brice Hortefeux a été condamné à verser 2.000 euros de dommages et intérêts au Mrap en raison de «l'effet
délétère sur le lien social d'un tel propos quand il est tenu par un responsable de si haut niveau», souligne la 17e chambre du tribunal. Une «grande victoire» pour l'association, qui
appelle le ministre de l'Intérieur «à en tirer les conséquences politiques».»
J'avais publié le 11 septembre dernier l'article ci-dessous à propos de l'humour de notre
actuel Ministre de l'Intérieur. Article auquel je n'ai pas une syllabe à changer 9 mois plus tard.
Je me permets de vous le remettre sous le nez !
J'ai dit
Plume Solidaire
Plume Solidaire -
Plage de Kerleven, La Forêt Fouesnant (août 2009)
A l’occasion de mon dernier séjour familial en Sarkozie, j’ai eu une conversation
affectueuse avec l’un de mes proches qui porte en haute estime Brice Hortefeux le Ministre de l’Intérieur. Arguant qu’il avait mérité de la Nation à son poste de Ministre de l’immigration, de
l'intégration, de l'identité nationale, il défendait becs et ongles l'idée que la France devrait expulser un nombre beaucoup plus important d’immigrés.
Par familles entières si besoin.
Je me souviens aussi de l’un de ces repas de famille de Noël, réunissant joyeusement
grands-parents, enfants et conjoints, et les 10 petits enfants, au cours duquel l'un d'entre nous avait pris la parole pour lancer un toast sur un ton narquois, au Secrétaire Général
du Parti Communiste Français de l’époque en le qualifiant de « nain de jardin » !
Alors je vous le dis mes ami(e)s : le mépris goguenard, la plaisanterie gauloise sur
les syndicalistes, les leaders de gauche, les arabes et les "nègres" ; et bien entendu le machisme paillard et autres grivoiseries sur les "pédés", font bien partie du langage et des mœurs
d’une partie de nos compatriotes de souche et de sang français.
J’en sais quelque chose : je suis né et j’ai grandi dedans. Chez nous, le racisme
désinvolte et la haine de l’étranger, le mépris de la gauche sont naturels. De nombreuses « blagues » entretiennent cette culture. Une culture dans laquelle il n'y a
rien de répréhensible à désigner avec frivolité des boucs émissaires - comme êtres inférieurs -, pour affirmer une identité sous une apparente innocence...et conforter la cohésion du
clan.
J'ai regardé attentivement la vidéo qui a piègé notre Ministre de l'Intérieur. Je n’ai
aucun doute concernant le sens de ses réparties. Ce genre de réflexions et d'humour est tout à fait courant dans les milieux UMP et d'extrême droite. En tous cas dans les cercles marqués par un
certaine forme d'idéologie nationaliste à la française. Je signe et je persiste donc.
Et ces gens ne souhaitent qu'une chose, c'est que l'action de l'Etat encourage et amplifie
l'extension de cette culture, dont Brice Hortefeux est la figure emblématique avec son énergique politique d'expulsions.
Samedi dernier (5 septembre) donc, le Ministre prend sympathiquement par l’épaule un jeune
militant UMP d’origine magrébine à l’Université d’été de l’UMP à Seignosse dans les Landes, et déclare : « Il ne correspond pas du tout au prototype ».
Il répond à une femme qui vient d’affirmer que ce jeune homme « mange du cochon et
boit de l’alcool ». Et le Ministre de la République d’ajouter : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des
problèmes ».
"Nul doute que si le Ministre de l'Intérieur avait soupçonné l'ampleur donnée à ses propos
il ne les aurait pas tenus (...) "*
Selon Libération du 11 septembre, il a assuré par la suite qu’il ne parlait pas des Arabes
mais des Auvergnats. Sans doute, "Il eût été plus pertinent de parler d'une plaisanterie dénuée de mauvaise intention "*
Nous savons tous que les auvergnats ne mangent pas de cochon et ne boivent pas d’alcool.
C’est l’un de leurs particularismes régionaux. Contrairement aux bretons dont je suis, qui dévorent de la cochonaille à la tonne et boivent comme des trous, notamment pendant le
Ramadan.
Pauvres auvergnats ! Qui ne connaissent rien des bonnes salaisons, et de l’ivresse des
grands crus de cidres bruts.
Ainsi quand ils sont nombreux quelque part, les auvergnats posent problèmes à la France, et
peut-être même aux français qui sait ?
Pour régler ce collapse auvergnat, je me permets de soumettre aux militants de
l'UMP, deux solutions qui éviteraient à l'avenir ce genre de campagne de dénigrement.
La première consisterait à expulser les auvergnats vers le Maghreb, Brice en tête (de
gondole), et que l’Etat – le Ministère de l’Intérieur – s’entoure de toutes les précautions d’usage pour que l’Auvergne fût bien peuplée d’Arabes auvergnats et d’Auvergnats magrébins. A
l’exclusion de toute autre ethnie concomitemment déclarée impure à l'occupation de l’Auvergne. C'est, si j'en crois ma station de radio préférée la voie qu'aurait choisie Brice, qui s'en serait
allé - encore une rupture sarkozienne ? - rompre le ramadan avec des amis musulmans auvergnats. C'est bien le moins que nous puissions attendre d'un Ministre républicain, également
Ministre des cultes, qu'il participât désormais à toutes les grandes fêtes religieuses de France.
La seconde serait plus disons..."développement durable". Il s'agirait alors de favoriser
par le truchement de Bruxelles et de la subvention européenne (par exemple), le développement de plantations de chênes, dont le gland constitue un aliment prisé du cochon. Ceci aurait l’avantage
d’inciter et de conduire à une sélection de race porcine adaptée au climat de l’Auvergne. Et, corollairement, d’assortir cet élevage d’un vigoureux plan régional de promotion d'une activité
viticole ; à seule fin de combler ce honteux vide qu’est l’absence de vin et d’alcool d’appellation auvergnate contrôlée.
Rehaussant de fait, l’image d'une Auvergne en perdition d'identité…
Hé Monsieur Hortefeux, vous voyez,
pas besoin d'être élevé à la dignité de Ministre de la République pour plaisanter comme vous !
Enfin vous savez ce que ses collègues et partisans peuvent lui reprocher à Brice ? Je vais
vous le dire : son imprudence et sa maladresse ; pas sa sincérité ni sa franchise. Mieux, ou pire, je suis convaincu que ses plaisanteries le rendent plus attachant encore, et plus sympathique
aux yeux et aux oreilles de cette France là. Car toute cette campagne pour une plaisanterie c'est "de la littérature" !
Je laisserai le dernier mot à Olivier Duhamel *: " (en France) l'humour, surtout de mauvais goût, n'a pas sa place (dans la vie politique) L'anecdote prime. Qu'importe qu'on la considère comme sérieuse parce que tristement
révélatrice ou dérisoire parce que simple boutade".
Peut-être notre Ministre de l'Intérieur a-t-il lu "La plaisanterie" de Milan Kundera ; auquel
cas il aurait du se rappeler qu'elle peut conduire à l'enfer...
Plume Solidaire
*Chronique d'Olivier Duhamel - France Culture - 14 septembre 2009
Source : Libération.fr
11.09.2009
Hortefeux, récidiviste de l'humour douteux
Le ministre n'en est pas à sa première sortie plus qu'équivoque, avec une prédilection pour ses collègues ministres issus de l'immigration. Où l'on reparle des
Auvergnats.
Et pourtant. Un petit retour en arrière montre qu'en matière de petites phrases douteuses, Brice Hortefeux n'est pas exactement un débutant.
Mars 2009. Rama Yade, alors mal en point pour avoir refusé de conduire la liste UMP aux européennes en Ile-de-France, accompagne Sarkozy pour sa tournée en Afrique. En
montant dans l'avion, Hortefeux, qui est du voyage, décoche à sa collègue d'origine sénégalaise: «Tu pars avec nous et c'est bien, mais tu pourrais aussi ne pas revenir.»
Trois mois plus tôt, janvier 2009. Hortefeux, tout fraîchement passé du ministère de l'Immigration à celui du Travail, présente Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la
Ville, comme sa «compatriote». «Comme ce n'est pas forcément évident, je le précise.» Pas de panique, réagit Amara elle-même sur les plateaux télé: là encore, le ministre
n'a fait qu'une petite plaisanterie sans conséquence sur les... Auvergnats, encore eux.
Petit bond dans le temps, octobre 2006. Pas d'images, mais une autre petite phrase, que rapporte Azouz Begag dans son livre Un mouton dans la baignoire.
L'ex-ministre de Villepin raconte comment Hortefeux, à cette époque bras droit de Sarkozy à l'Intérieur, lui aurait dit en pleine Assemblée Nationale, alors que les deux hommes étaient assis à
trois rangs l'un de l'autre: «Allez, fissa, sors de là, dégage d’ici ! Je te te dis dégage !».
Toujours pas d'images, mais toujours un ministre issu de l'immigration: Rachida Dati, qui aurait qualifié à plusieurs reprises Hortefeux de «gros
raciste».
Et pour aggraver encore le cas Hortefeux, cette vidéo d'une interview sur le plateau de Capital (M6). A la question «Ça veut dire qu'il y aura toujours des sans-papiers sur le territoire
français», le ministre de l'Immigration à cette réponse : «Si vous rêvez d'une société idéale dans laquelle il n'y aurait que des citoyens honnêtes, propres et... et
s'agissant des immigrés que ça soit uniquement des exclusivement des immigrés légaux avec des papiers, la vérité c'est que c'est un combat permanent.»
LIBELYON - 11i.09.2009
POLITIQUE - Azouz Begag est afligé, mais pas franchement
surpris par le dérapage de Brice Hortefeux aux université d'été de l'UMP. "C'est un vrai bon dérapage franchouillard raciste qui n'a rien d'étonnant venant d'un ministre qui mène une
politique xénophobe", explique à Libération l'ancien ministre à l'égalité des chances du gouvernement Villepin. Le problème, pour Azouz Begag, "c'est de penser que ce n'est
pas grave de faire des blagues sur les Arabes. Le ministre de l'Intérieur est raciste quand il dit cela. Et le racisme est un
délit"…
"Dans n'importe quel pays européen, un ministre qui tiendrait de tels propos quitterait le gouvernement. A part
en France. Et peut-être dans l'Italie de Berlusconi", explique Azouz Begag. Selon lui, "au minimum, Hortefeux devrait présenter publiquement des excuses. Comme aurait dû le faire
Nicolas Sarkozy après avoir parlé de racailles. Ces gens ne se rendent même pas compte qu'ils blessent des millions de personnes".
Sur la vidéo de l'échange du ministre de l'Intérieur, Azouz Begag ne voit aucune matière à douter du sens des mots.
"Tout est très clair. Le jeune Amin est présenté comme l'arabe. Il est clairement désigné son origine ethnique. Il est question de cela lorsque Brice Hortefeux embraye sur le fameux : "Il
en faut toujours un. Quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'y a des problèmes. (...) ll ne s'agit donc pas du tout des
Auvergnats comme il essaie maintenant de nous le faire croire. (...) Et quand bien même, j'appelle les Auvergnats à réagir", rigole Begag.
Azouz Begag rappelle qu'il avait déjà dénoncé dans son livre "Un mouton dans la baignoire" d'autres
"dérapages" de Brice Hortefeux à son encontre. Comme ce jour où, à l'Assemblée Nationale, il s'était adressé à lui par un "fissa, fissa, dégage". "Ce que disaient les
soldats français aux Arabes en Algérie", précise Azouz Begag, pour situer la portée de ces quelques mots.
Alice Géraud
Le Monde du 19 septembre 2009
Point de vue