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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 17:00

 

 

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Les démantèlements à répétition des campements de Roms ne peut que soulever le coeur.

 

Mai les récents propos du Ministre de l'Intérieur ne contribuent pas à aborder un problème humain, économique et culturel particulièrement complexe, avec le recul et la sérénité nécessaires. 

 

Si l'on veut bien mettre de côté la question de la délinquance (notamment à Paris), qui relève des pratiques mafieuses et de la maltraitance des mineurs, et éviter les amalgames à caractère raciste et discriminatoire, la question de l'installation des 17 000 Roms bulgares, roumains, et hongrois - vivant dans 394 campements illicites avec 4 300 enfants -, est d'abord un problème européen et une question de traitement de ces populations par leurs états d'origine.

 

Car si précisément ces populations en viennent à s'installer en France, la principale raison tient au fait qu'elles sont rejetées en marge de leurs propres sociétés.

 

Les cris d'orfraie des bonnes consciences désireuses de réserver le meilleur accueil à toutes personnes, d'Europe et d'ailleurs, parvenant à pénétrer sur le territoire français, ne font pas oublier la quantité croissante d'inégalités et d'injustices préexistantes à leur arrivée, dont souffrent de plus en plus de français et d'étrangers en situation régulière, et irrégulière (pour partie maintenus dans cette situation par décision préfectorale).

 

Selon l'Observatoires des inégalités, la France compte entre 4,9 et 8,8 miilions de pauvres selon la définition adoptée, et le nombre de personnes concernées a augmenté de 1 million depuis 2002.

 

Nous écrivains publics, qui constatons quotidiennement les effets réels de la dégradation de l'emploi, les carences en matière de logements sociaux, les restrictions et les embuches rémanentes pour l'accès aux aides sociales que sollicitent légitimement la plus grande partie des personnes qui viennent nous voir, devons aussi nous poser la question des conséquences de la présence de ces nouvelles populations précaires.

 

Faudra-t-il au nom de la liberté de circulation en Europe (accords de Schengen), accorder en priorité aides sociales, logement, éducation scolaire, formation et insertion professionnelles aux résidents européens exclus de leurs pays, alors même que le secteur public ne parvient pas à gérer efficacement l'augmentaion de la pauvreté, et que les déficits publics ne cessent de croître ?

 

A quel titre les contribuables français, de plus en plus sollicités pour combler les dettes de l'Etat et des comptes sociaux, devraient-ils se faire un devoir de solidarité à l'égard des ressortissants des nouveaux entrants dans l'UE, en lieu et place des contribuables de ces pays et de leurs représentants ?

 

L'obligation d'accueillir dignement les Roms, et le respect des droits de l'homme seraient-ils à sens unique et du ressort de certains pays, et en particulier le nôtre, sachant que 77% des personnes récemment sondées à la demande du Figaro approuvent le Ministre de l'Intérieur, tandis que 9 sur 10 estiment que les Roms s'intègrent plutôt mal *?

 

Par ailleurs, la question demeure, de savoir comment on été dépensés les fonds européens destinés à l'amélioration des populations Roms qui ont été versés à la Bulgarie et à la Roumanie.

 

Enfin, comme le souligne Stéphane Rozès dans sa chronique, le problème de l'intégration des Roms apparaît d'autant moins aisément soluble dans la République qu’en janvier prochain, ils pourront circuler de pleins droits dans l'Union Européenne. Et que, en second lieu, l’opposition entre l'approche culturelle identitaire qui repose sur l'appartenance (ou non) à un territoire, à une structure communautaire et à la prééminence de ses propres règles ou à une nation, à un mode vie itinérant ou un séjour conditionné par un titre de travail, sont en l'état des choses difficilement conciliables. 

 

Cette immigration encore illicite, et les réactions qu’elle suscite, entre éthique de la conviction (accueil et insertion en vertu des principes des droits de l’homme), et éthique de la responsabilité (« la France ne peut accueillir toute la misère du monde »), sont la parfaite illustration d’une controverse en boucle.

Sans fin, et vaine pour le citoyen réduit à l’impuissance et à l’état de témoin pris à parti et sommé de se prononcer, par les politiques et par les médias – et inversement; par son entourage.

Ce débat, vu du prisme de gauche, semble d’autant plus vain qu’il est soumis aux paralogismes qui sévissent dans les raisonnements courants :

 

  • ne pas s’opposer au démantèlement des camps -> c’est manifester son indifférence, un manque d’humanisme, masquer une haine ou une forme de racisme envers les tsiganes, ou une approche exclusivement comptable ou culturelle -> c'est donc cautionner de fait le démantèlement des camps illicites et les expulsions -> prendre une posture de refus de l’étranger -> opter pour le nationalisme -> et soutenir une politique de droite extrême ou d’extrême droite.
  • s’opposer au démantèlement des camps -> c’est affirmer contre vents et marée que la France doit rester le « pays des droits de l’homme » quel qu’en soit le coût et les conséquences -> c’est exprimer sa solidarité avec des populations exclues et précarisées et le devoir d'hospitalité -> affirmer les valeurs universelles de la République -> maintenir le droit de circuler dans l'UE - > lutter contre la montée des idées nationalistes -> soutenir une politique de gauche.

 

Au-delà, c’est le discours moral et, pour partie la confrontation des idéologies, qui sont convoqués; camp de la vertu contre le camp de l’immoralité.

 

Vu du prisme de droite, j’imagine que c’est le camp des laxistes-idéalistes-hypocrites pétris de bons sentiments, qui s’opposerait à celui de l’application à la lettre du droit actuellement en vigueur.

 

Or, pour m’en tenir au prisme de gauche, il est aisé selon ce modèle de raisonnement, de classer aussi dans la catégories de l’immoralité, quiconque ne conçoit pas la question Rom en terme d’expulsion, tout en étant conscient dans le contexte actuel de relatif déclin économique et de réduction des budgets sociaux et des services publics, des conséquences en termes de justice et d’égalité des droits.

 

En la circonstance, la liberté que prennent les Roms de Roumanie et de Bulgarie de circuler illégalement en France semble poser trois registres de problèmes fondamentaux :

 

  • le problème d’injustice du sort réservé aux Roms dans leurs pays respectifs et dans toute l’Union Européenne ; de l’injustice qu’occasionne leur installation surmédiatisée, à l’égard de ceux qui se considèrent comme légitimement prioritaires en termes de solidarité nationale et de ceux qui la financent (contribuable);
  • la réalité des postures de haine, moralement et juridiquement condamnables, qu’expriment une partie des français à l’égard de ces populations ;
  • un problème juridique pour tous les pays concernés et pour l’UE.

 

Enfin, il me semble que le droit de réserve s’impose aussi compte tenu de la complexité de l’enjeu que représentent ces joutes idéologiques et politiques en période préélectorale (les Maires étant les premiers touchés par cette problématique), entre partisans ou opposants du démantèlement au sein de la gauche, s’opposant à une droite majoritairement réputée favorable aux expulsions.

 

 

Lorsque nous sommes confrontés dans le domaine scientifique à un problème complexe, nous avons l’humilité d’accepter que nous ne pouvons en trouver la solution par nous-mêmes. Quitte à nous battre les flancs.

 

En matière politique, nous avons tendance à croire, que les réponses aux questions posées sur la place publique et qui nourrissent le débat démocratique sont à la portée de toutes et de tous.

 

Je pense que c’est une illusion, et que des solutions qui semblent évidentes ne vont pas toujours de soi.

 

En ce qui me concerne, je reconnais que la solution au problème Rom me dépasse : je comprends les problèmes que certains d’entre eux engendrent pour mes compatriotes, j’ai le sentiment que leur intégration dans la société française est d’autant difficile que leur présence – comme celle des immigrés – est mal acceptée, que l’écart des cultures et des mentalités est abyssal, et que le mode de vie nomade et un accueil digne supposent le financement d’infrastructures locales sur tout le territoire...et l'assentiment des 36 000 maires de France.

 

Ceci posé, il me semble que fuir son pays parce qu’on y est maltraité pour des raisons ethniques pose un problème aux pays dans lesquels les populations discriminées s’installent, et où elles ne sont à l’évidence pas les bienvenues pour les mêmes raisons. Si j'imagine que les Roms peuvent s'intégrer, aussi bien que toutes les populations immigrées, je vois mal comment les français pourraient devenir plus hospitaliers.

 

Ces composants décrits suffisent à dire la complexité du problème. Et l’importance du droit de réserve sur une question humaine de cette ampleur.

 

Je sais que l'enfer gît sous les pavés des bonnes intentions, et l'angélisme est trop souvent l'allié ou le compagnon de route de la haine, qu'il alimente contre son gré.

 

Et ce n'est pas la Ministre de l'Ecologie qui apporte la démonstration du contraire; ni la circulaire si diversement appliquée du 26 août 2012.

 

Je pense que parfois, se taire – pour rester poli – c’est faire preuve d’humilité.

 

Il faudra que j’apprenne à me taire encore plus fort.

 

 

* 98% des sympathisants de droite partagent ce point de vue contre 84% des sympathisants de gauche.

 

 

 

Pour creuser un peu plus : Observatoire des inégalités

 

Les Roms :  une minorité marginalisée

 

Chasse aux Roms : une arme à double tranchant

 

 

 

 

Plume Solidaire

 

 

 

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